Le Journal de Quebec

LES QUÉBÉCOIS SE FONT DE PLUS EN PLUS SOIGNER À L’EXTÉRIEUR

Les soins de santé dans une autre province ont coûté 258 millions $ l’an passé

- HUGO DUCHAINE

Les Québécois se font de plus en plus soigner dans d’autres provinces, refilant une facture totale de plus de 258 millions $ à la RAMQ l’an dernier, selon des données obtenues par Le Journal.

Depuis près de 10 ans, la facture des services profession­nels ou hospitalie­rs obtenus par les Québécois dans une autre province a grimpé de 63 %. Les services profession­nels incluent les honoraires des médecins, alors que les services hospitalie­rs sont les coûts remboursés aux établissem­ents.

L’an dernier, environ 150 000 Québécois ont vu un médecin ailleurs au Canada et plus de 130 000 ont séjourné dans un hôpital, une urgence ou une clinique externe.

« ÉNORME »

« C’est énorme », s’étonne Paul Brunet du Conseil pour la protection des malades.

Selon lui, le tourisme à lui seul ne peut pas expliquer ces données. « Ce sont de gros chiffres et difficilem­ent explicable­s autrement que par le fait que quelqu’un qui ne peut pas avoir ce dont il a besoin au Québec, il va aller ailleurs », déplore-t-il.

La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) précise qu’elle paie aux médecins et hôpitaux des autres provinces le montant que coûterait le même service au Québec. Si le service coûte plus cher, la différence à payer revient au patient.

MEILLEUR SERVICE

Des Québécois interrogés par Le Journal soutiennen­t faire le choix d’aller en Ontario notamment, car ils y obtiennent un meilleur service.

Par exemple, Alexandra Loiselle-goulet n’hésite pas à partir de Salaberry-de-valleyfiel­d et rouler 40 minutes pour se rendre à l’hôpital d’alexandria en Ontario. Elle est certaine qu’elle revient chez elle plus rapidement que si elle se rendait à l’hôpital de sa ville, où le taux d’occupation de l’urgence atteignait 295 % hier.

« C’est rapide et efficace. Je n’irai plus jamais au Québec. Mais ce n’est pas juste le temps d’attente, c’est aussi le sourire des gens. Les premières fois que j’y suis allée, j’avais l’impression d’être dans une comédie musicale », dit la femme de 38 ans.

Elle n’est pas la seule, puisque la directrice des services financiers du Glengarry Memorial Hospital à Alexandria, Linda Ramsay, dit que de 25 à 30 % des patients à l’urgence sont Québécois.

« Ça fait notre affaire, on aime ça », lancet-elle, soulignant que les montants facturés à la RAMQ sont « assez substantie­ls », sans vouloir dire combien exactement, et viennent gonfler leur budget.

Résidente de l’ange-gardien en Outaouais, Michelle Roy a décidé d’accoucher en Ontario, après une visite à l’hôpital de Gatineau où elle a trouvé le personnel froid. Depuis plus de 10 ans, ses deux enfants sont même suivis par un médecin de famille en Ontario.

Pour sa part, Sylvie Joncas a choisi de se faire opérer à l’épaule en Alberta avant même d’y déménager, exaspérée par les temps d’attente. Avec ses résultats d’une résonance magnétique subie au privé au Québec, l’hôpital de Banff l’a mise sur une liste d’attente et l’a opéré six semaines plus tard.

« C’est le jour et la nuit », souffle-t-elle.

 ?? PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI ?? Michelle Roy et ses deux enfants, Zoélie 11 ans et Yohan 13 ans, partent de l’ange-gardien en Outaouais pour se rendre en Ontario, où ils sont suivis par un médecin de famille. Leurs consultati­ons sont chaque fois remboursée­s par la RAMQ.
PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI Michelle Roy et ses deux enfants, Zoélie 11 ans et Yohan 13 ans, partent de l’ange-gardien en Outaouais pour se rendre en Ontario, où ils sont suivis par un médecin de famille. Leurs consultati­ons sont chaque fois remboursée­s par la RAMQ.
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