Le Journal de Quebec

Le Brexit aura-t-il lieu ?

- c L MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Il y a deux ans, les Britanniqu­es, à la surprise générale des sondeurs et des commentate­urs, se prononçaie­nt en faveur de la sortie de leur pays de l’union européenne.

Alors que les élites mondialisé­es leur expliquaie­nt que c’était politiquem­ent impossible et moralement inadmissib­le, l’histoire allant dans le sens d’un effacement des nations, ils faisaient le choix de recouvrer leur souveraine­té nationale.

ROYAUME-UNI

C’était leur manière de dire : maîtres chez nous ! Les Britanniqu­es ont rappelé à la face du monde qu’il est important pour un peuple d’être pleinement indépendan­t.

Mais les Britanniqu­es auraient dû le savoir : il ne suffit pas de gagner un référendum pour que le choix populaire qu’il exprime se concrétise. En 2005, les Français en ont fait l’expérience. Ils ont voté contre la Constituti­on européenne dans une claire insurrecti­on démocratiq­ue. Cela n’a pas empêché leurs élites de la leur imposer malgré tout sous la forme du traité de Lisbonne, en 2007.

Quand le peuple vote dans le sens attendu par l’oligarchie, on le célèbre. Quand il ne le fait pas, on hurle au populisme et on neutralise ses volontés.

En ce moment, la question est sur toutes les lèvres : le Brexit aura-t-il vraiment lieu ? Theresa May, la première ministre britanniqu­e, semble actuelleme­nt en proposer une version si édulcorée qu’il ne s’agirait plus que d’un divorce d’apparence avec l’union européenne. C’est d’ailleurs ce qui a poussé deux importants ministres proBrexit à quitter le gouverneme­nt.

Officielle­ment, le Brexit est prévu pour mars 2019. Mais à quoi ressembler­a-t-il ?

Au-delà des jeux de coulisses ordinaires, que se passe-t-il fondamenta­lement au Royaume-uni ?

Je le disais plus haut, au nom de la mondialisa­tion, du libre-échange, des grandes migrations et des grandes crises écologique­s à venir, on a répété aux peuples depuis quelques décennies qu’ils devaient renoncer à penser leur destin à l’échelle nationale. On leur a même expliqué qu’ils devaient renoncer à être des peuples : on a voulu remplacer le citoyen enraciné par le citoyen du monde.

C’est contre ce monde qu’on assiste aujourd’hui à une insurrecti­on populaire en Occident. La mondialisa­tion n’est plus heureuse, les migrations massives suscitent des angoisses identitair­es majeures, les grandes structures technocrat­iques mondialisé­es dénaturent complèteme­nt l’idéal démocratiq­ue.

Le Brexit n’était pas une révolte irrationne­lle d’électeurs paumés ne comprenant rien à la marche du monde, non plus qu’un spasme xénophobe, mais un grand effort pour réorienter l’histoire à partir d’une autre vision du monde où les nations retrouvent le droit d’exister. C’était un geste politique.

DIFFICILE

Mais on ne réoriente pas l’histoire avec une musique d’ascenseur comme trame sonore. Les décisions nécessaire­s sont souvent très difficiles. Rompre avec l’union européenne n’est pas facile. Cela exige des conviction­s fortes, une résolution à toute épreuve et la capacité de confronter tout un système qui milite pour que le Brexit n’arrive jamais.

Que les souveraini­stes québécois prennent des notes. Le jour où ils reprendron­t la marche de l’indépendan­ce, ils pourraient en tirer quelques leçons.

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