Endurance extrême
Le week-end dernier, dès 4 h 30, les triathlètes se lançaient dans le lac Mégantic lors de la 2e édition du Canada Man/woman. Ils avaient ensuite jusqu’à minuit pour atteindre l’observatoire au sommet du mont Mégantic après un pèlerinage sportif de 226 kilomètres à la nage, sur deux roues et à la course. Du kilométrage extrême dans des conditions extrêmes.
« Pour moi, une activité extrême, c’est du base jump, dit Daniel Poirier, cofondateur d’endurance Aventure. On est le triathlon longue distance le plus difficile au Canada, c’est vrai, mais on ne s’attarde pas au chronomètre. »
« On n’est pas un Ironman », précise Daniel Poirier. Le Canada Man/ Woman n’a que les distances du mythique circuit : 3,8 km de nage, 180 km de vélo et 42,2 km de course à pied.
« On se perçoit davantage comme une aventure personnelle, qui amène les gens à traverser une région dans un parcours qui leur montre ses plus beaux secrets », dit l’organisateur. Et à en suer un coup…
PLUS GRAND QUE NATURE
Jérome Bresson a franchi la ligne d’arrivée au sommet du mont Mégantic en premier, après 10 heures, 59 minutes et 37 secondes.
« Cela prend un bon 20 % d’effort supplémentaire par rapport à un autre triathlon standard Ironman », dit le triathlète qui a un record personnel de 9 h 7 min sur cette distance. L’entraîneur en chef du club de triathlon de Sherbrooke s’est initié aux triathlons extrêmes l’année dernière à la première édition du Canada Man/ Woman. Après avoir récidivé à Lac-mégantic, il sera aussi du départ du Norseman le 4 août, où il espère être du top 10… sachant très bien que tout peut se mettre sur son chemin dans un triathlon où le terrain et ses conditions sont pensés pour donner du fil à retordre aux participants.
« À Lac-mégantic en juillet, il y avait la chaleur potentielle. À Norseman, la météo est reconnue comme capricieuse. Un 7-8 oc pluvieux, ce n’est pas rare », dit Jérôme Bresson.
En plus de conditions météorologiques extrêmes pour une épreuve d’endurance, ces événements de triathlon nouveau genre se déroulent sur des parcours linéaires (aucune boucle ou circuit : on part du point A… jusqu’au point Z !) dont les attraits naturels nombreux ont la mission de couper le souffle des athlètes autant par leur beauté que par leur difficulté.
LE NORSEMAN QUÉBÉCOIS
Lac-mégantic peut se vanter d’être le berceau du triathlon extrême au Canada, mais c’est en Norvège qu’est né le concept.
« Je veux créer un événement où l’expérience est plus importante que le temps au chronomètre, où la nature est en premier plan et où l’entraide de la famille et des amis est essentielle, disait à l’aube du nouveau millénaire le fondateur du Norseman Xtreme Triathlon, Hårek Stranheim. Et ce sera le triathlon le plus difficile au monde. »
Des neuf participants de la première édition, aujourd’hui les trois cents et quelques athlètes du départ sont les heureux élus d’un tirage au sort comptant un nombre dix fois plus grand de candidats potentiels. Le concept charme, et il a fait des petits de par le monde.
Selon Daniel Poirier, les triathlons extrêmes rassemblent autant des triathlètes un peu tannés de la course aux secondes que des adeptes de raids-aventures et d’ultras en sentier. On les dit aussi plus « authentiques », ces événements s’inscrivant à l’opposé des autres événements d’endurance se vantant d’être des machines à records personnels en raison de leur terrain considéré comme « rapide ». Plus relevé est le défi, plus intègre serait l’expérience…
« Le but, c’est de se rendre jusqu’au bout, dit les fondateurs du Canada Man/ Woman. On conseille aux participants de laisser leur chrono à la maison, parce qu’ici, le chrono ne vaut rien. » Sur ces parcours, la nature a le dernier mot. Et les organisations souhaitent qu’elle prenne toute la place, limitant du coup le nombre de participants.
« Il n’y aura jamais plus de 300 athlètes individuels du départ au Canada Man/ Woman », dit Daniel Poirier.
« La série veut aussi se distancer des étiquettes ; l’événement d’endurance le plus difficile au monde… qui peut prétendre à ça ? Plus difficile, pour qui ? pourquoi ? », questionne Daniel Poirier.
Le faire, et le faire jusqu’au bout, en s’en mettant plein la vue en cours de parcours : des partants ?