Le Journal de Quebec

Golf et limousine afin de le piéger

La SQ a sorti l’artillerie lourde pour obtenir des aveux du suspect principal du meurtre de Cédrika Provencher

- AMÉLIE ST-YVES

TROIS-RIVIÈRES | La Sûreté du Québec a tout tenté pour que le principal suspect du meurtre de Cédrika Provencher se confie à un agent double ou qu’il finisse par s’incriminer à proximité d’un micro ou d’une caméra cachée.

Des documents rendus publics cette semaine en marge du procès pour pornograph­ie juvénile de Jonathan Bettez démontrent à quel point la police cherche à lui passer les menottes depuis plus de 10 ans.

Il est le principal suspect de l’enlèvement et du meurtre de Cédrika Provencher, disparue vers 20 h le 31 juillet 2007, mais il ne fait toujours face à aucune accusation dans cette affaire.

AUCUN ALIBI

Onze ans plus tard, la police n’est pas en mesure de valider ce que Bettez faisait le soir de la disparitio­n de la fillette de neuf ans, entre le moment où il a quitté un terrain de golf vers 19 h, et son retour au travail le lendemain.

L’homme de 38 ans, qui était propriétai­re d’une Acura rouge comme celle recherchée par les autorités lors des événements, a cependant signé une déclaratio­n écrite à la police en septembre 2007. Il y affirme s’être présenté chez ses parents pour faire l’entretien de la piscine et des plantes vers 19 h 30, le soir de la disparitio­n. Ses parents étaient absents, car ils avaient loué un chalet pour la semaine.

Le suspect aurait rebroussé chemin, sa tante étant déjà sur place. Il affirme alors être rentré à son logement. Sa tante a confirmé dans une déclaratio­n écrite à la police qu’elle était bien chez sa soeur ce soir-là, et qu’elle n’a pas vu son neveu, est-il écrit dans les documents.

INFILTRÉ

Il est aussi inscrit que la SQ a déployé 25 scénarios pour soutirer des aveux du suspect. À l’été 2009, elle a monté de toutes pièces un faux concours qui a mené Bettez dans un hôtel au Mont-tremblant pour une fin de semaine de golf, avec trois agents doubles, dont un avec qui il s’est lié d’amitié (voirencadr­és).

Le suspect et ses proches ont aussi été ciblés par des caméras cachées et de l’écoute électroniq­ue pendant deux mois à la suite de la découverte des ossements de Cédrika Provencher, soit du 16 mai au 14 juillet 2016.

Il avait déjà été dévoilé que Jonathan Bettez avait fait l’objet de surveillan­ce physique du 18 décembre 2015 au 31 juillet 2016, mais de nouveaux mandats rendus publics montrent que la traque du suspect ne s’est pas limitée à un dispositif sur sa voiture Infiniti G35.

Un juge a par ailleurs autorisé la police à l’observer au moyen de caméras et de micros, mais aussi ses parents, sa soeur, ainsi qu’une ex-copine et deux amis, a-t-on appris.

L’entreprise Emballage Bettez, mais également les résidences des personnes ciblées et leurs lignes téléphoniq­ues ont pu être piégées.

On apprend aussi dans les documents que Jonathan Bettez et sa famille évoquent le « dossier rouge » pour parler de l’affaire Cédrika Provencher, selon une femme qui a été quelques années en relation avec Bettez.

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