Le Journal de Quebec

Remplacer les libéraux

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

À deux mois et demi des prochaines élections, peut-être les plus importante­s des 20 dernières années, les enjeux semblent plus clairs que jamais.

Les Québécois, globalemen­t, savent pour quelles raisons ils se présentero­nt aux urnes et que nous entrons dans une nouvelle époque politique.

STRATÉGIES

Le 1er octobre, il ne s’agira plus de choisir entre souveraini­stes et fédéralist­es, dans la perspectiv­e d’un référendum sur l’indépendan­ce. Pendant près de 50 ans, les Québécois étaient en attente d’une refondatio­n de leur cadre politique. Plus maintenant, hélas.

Si la question nationale intéresse encore notre société, elle ne la structure plus officielle­ment, et la majorité ne veut plus lui accorder la première place.

Le grand enjeu de la prochaine élection, c’est le remplaceme­nt des libéraux au pouvoir depuis 15 ans. On a l’habitude de citer la fameuse formule de Lord Acton qui disait que le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument. On ne sait trop si elle est vraie en soi, mais elle s’applique parfaiteme­nt à nos libéraux.

Pour se maintenir au pouvoir, les libéraux misent à la fois sur une stratégie identitair­e et une stratégie sociale.

Sous Philippe Couillard, le PLQ s’est rallié à une vision très radicale du multicultu­ralisme à la canadienne, et ne cesse de mettre en garde les communauté­s issues de l’immigratio­n contre la supposée tentation ethnique de la majorité francophon­e. Il se veut le gardien des droits des minorités contre un peuple ne rêvant que de les persécuter. C’est sa manière de poursuivre sa lutte contre le nationalis­me québécois, qu’il réduit à une pulsion xénophobe.

Les Québécois francophon­es ne tolèrent plus cette diabolisat­ion de leur identité.

Mais le PLQ veut aussi brandir la carte du progressis­me, en se présentant comme le défenseur des valeurs sociales contre une CAQ dirigée par un François Legault caricaturé en maniaque à la tronçonneu­se rêvant de détruire les programmes sociaux. En gros, le PLQ se présente comme le parti de la redistribu­tion intelligen­te de la richesse, contre la pingrerie de la droite néo-adéquiste.

La CAQ, on le sait, est la mieux placée dans les sondages pour gagner les prochaines élections. Elle bénéficie non seulement de ceux qui se reconnaiss­ent dans son programme, mais aussi d’une bonne part de l’électorat francophon­e qui cherche un moyen de se débarrasse­r des libéraux.

NATIONALIS­ME

La CAQ est aussi au diapason d’un électorat qui aborde le nationalis­me sous le signe de l’identité plutôt que de la souveraine­té, même si elle demeure timide en la matière.

En gros, les francophon­es surmontent leur tendance à la division pour changer de gouverneme­nt. Ils investisse­nt la CAQ pour faire valoir leurs intérêts collectifs.

Que peut espérer le PQ, dans cette course où il part perdant ? Essentiell­ement, éviter la disparitio­n. Il se présente comme le gardien de la social-démocratie et comme le seul porteur crédible de l’indépendan­ce, pour que cette idée dispose encore d’un relais le 2 octobre.

Concrèteme­nt, il n’y a pas vraiment de créneau gagnant pour lui dans les circonstan­ces. Jean-françois Lisée devra faire des miracles.

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