500 erreurs de médicaments en un an auprès d’aînés
Des patients de résidences pour aînés se sont vu administrer les mauvais médicaments près de 500 fois en un an, révèle une nouvelle étude. Mais cette statistique pourrait n’être que la pointe de l’iceberg.
Le pharmacien-toxicologue PierreAndré Dubé, de l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ), s’est penché sur les appels reçus au Centre antipoison du 1er février 2016 au 31 janvier 2017.
C’est le décès d’un Montréalais de 54 ans qui vivait en résidence et qui a reçu une dose mortelle d’un médicament antipsychotique ne lui étant pas destinée qui a mis la puce à l’oreille du chercheur.
Mais toutes les erreurs ne sont pas rapportées au Centre antipoison, prévient-il. La majorité des appels étudiés par M. Dubé provenaient de centres privés qui souvent n’ont pas de pharmacien sur place, contrairement aux centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD).
Le ministère de la Santé a compté plus de 48 000 incidents reliés à la médication dans sa base de données annuelle, dit-il. De ce nombre, 3 % concernaient des médicaments remis à la mauvaise personne, donc près de 1500 cas.
LE TIERS HOSPITALISÉ
Dans le tiers des cas étudiés par M. Dubé, les aînés ont dû être hospitalisés à cause de la toxicité des médicaments avalés. De plus, pour la moitié des 500 erreurs, les aînés avaient ingéré au moins cinq médicaments à la fois.
« Ce sont des erreurs qui sont évitables [...] Ce n’est pas normal qu’on donne les médicaments d’une personne à une autre », déplore-t-il, ajoutant que les résidences pour aînés doivent revoir leurs pratiques.
Il estime aussi que chaque erreur devrait être considérée comme une urgence médicale à rapporter au Centre antipoison, puisque les aînés sont plus vulnérables.
TOUS LES JOURS
Une infirmière des Laurentides qui compte 22 ans d’expérience a raconté au Journal qu’elle voit ce genre d’erreurs se produire « tous les jours ».
« La tâche est trop lourde : une infirmière auxiliaire a seulement 1 h 30 pour remettre les médicaments à 36 résidents. Ce n’est pas assez », dénonce-t-elle, préférant toutefois garder l’anonymat par crainte de représailles.
Si la vaste majorité des incidents sont mineurs, elle ajoute qu’à quelques reprises elle a craint de perdre des patients à la suite d’une erreur de médication.