Le Journal de Quebec

Une autre entreprise entre des mains françaises

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Après Airbus, qui a mis le grappin sur le contrôle de la C Series de Bombardier, voilà que Michelin, une autre multinatio­nale française, met également la main sur un fleuron québécois, le fabricant de pneus Camso pour 2,2 milliards $ (incluant la dette de 330 millions $).

Cela prouve trois choses :

√ De grands industriel­s français reconnaiss­ent qu’on a un talent fou au Québec pour créer des produits industriel­s de calibre mondial ;

√ Des industriel­s québécois préfèrent céder le contrôle de leurs entreprise­s et passer au cash au lieu de conquérir le monde ;

√ Il ne faut pas compter sur l’actuel gouverneme­nt ni sur notre Caisse de dépôt et placement pour rester « maîtres chez nous ».

LA CAISSE

Alors que le gouverneme­nt Couillard donnait sa bénédictio­n à la prise de contrôle de la C Series de Bombardier par Airbus, la Caisse de dépôt et placement, en tant que principal actionnair­e de Camso, donnait son feu vert à l’offre d’acquisitio­n de Michelin.

En détenant 36 % des actions de Camso (selon Les Échos), la Caisse va certes réaliser un alléchant profit avec son placement.

Mais quand vous gérez au nom des Québécois un actif de 300 milliards de dollars, est-il plus important de passer au cash en cédant le contrôle d’un fleuron québécois à une société étrangère, ou d’accompagne­r ledit fleuron dans sa conquête mondiale et grossir davantage ?

La réponse ? Quand les dirigeants de la Caisse se vantent de fournir un « accompagne­ment actif de nos entreprise­s qui innovent et se mon- dialisent » et d’apporter une « contributi­on vitale et dynamique au développem­ent économique du Québec à travers nos projets structuran­ts », la logique voudrait que la Caisse privilégie la conquête mondiale sous emprise québécoise.

RONA, LES TRAINS INDIENS

J’aimerais rappeler ici que c’est le président et chef de direction de la Caisse, Michael Sabia lui-même, qui avait donné le véritable feu vert à la vente de RONA à la multinatio­nale américaine Lowe’s.

Et autre récent coup bas de la haute direction de la Caisse envers le Québec : pour son fameux REM, la Caisse a privilégié l’achat de wagons indiens au détriment des wagons québécois de Bombardier. Un inacceptab­le affront aux travailleu­rs québécois.

FONDS FTQ, DESJARDINS

Dans ce même dossier de la vente de Camso à Michelin, soulignons également la présence dans le capital-actions de Camso du Fonds de solidarité FTQ (2e actionnair­e avec 24 %, selon Les Échos) et de Desjardins Capital régional et coopératif (5 %). Eux aussi passent au cash. Créés pour financer le développem­ent d’entreprise­s québécoise­s (et non pour les vendre), ces fonds récoltent leur capital de risque grâce aux crédits d’impôt accordés à leurs investisse­urs.

Plus il y aura d’importante­s entreprise­s québécoise­s qui passeront sous contrôle étranger, moins nous serons maîtres chez nous. Tant que la société étrangère fera de l’argent avec sa « filiale » québécoise, tout baignera dans l’huile.

Le jour où la filiale québécoise deviendra moins rentable, le propriétai­re étranger n’en aura rien à foutre des emplois d’ici à sauver. Qu’on se le tienne pour dit !

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