Le Journal de Quebec

Le véritable rôle d’une mère

-

Voici mon commentair­e à celle qui signait « Une mère foudroyée en plein coeur ». Madame, en lisant votre lettre qui déplorait le comporteme­nt de votre fille, une ligne m’a frappée : « J’ai élevé mes enfants presque toute seule. Je me disais que ma tâche étant accomplie, ma retraite m’appartenai­t, et que je pouvais en faire ce que je voulais. »

Selon moi, il est là le problème. Vous avez conçu votre rôle de mère comme une tâche à accomplir. Votre fille et vos trois autres enfants l’ont probableme­nt vécu en le ressentant fort. De 0 à 20 ans, ils ont eu devant eux une femme qui faisait sa tâche, et non une mère qui agissait dans le plaisir, le bonheur et la joie de les élever. Comme ils ont l’impression de ne pas avoir eu de mère, c’est maintenant qu’ils vous le font payer, du moins votre fille.

Par contre, je vois une ouverture de la part de cette dernière quand elle dit « J’espérais qu’une fois à la retraite tu nous visiterais plus souvent, mais je me suis trompée. » Il semble donc clair que votre fille, carencée dans son enfance et son adolescenc­e par votre attitude, pense encore que vous pourriez vous racheter sur le tard. Une porte me semble légèrement ouverte. Mais pour combien de temps ?

Quelles sont les attentes de votre fille envers vous et que vous pourriez combler ? Quelles étaient ses attentes que vous n’avez pas su ou pas voulu voir dans son enfance ? J’ai l’impression qu’élever des enfants vous a toujours été pénible, que vous n’étiez pas faite pour ça, et que maintenant, la perspectiv­e de jouer à la grand-mère vous est tout aussi pénible.

La maternité, ce n’était peut-être pas pour vous, contrairem­ent au mythe entretenu par les religions, les médias, la voisine, la tante et tant d’autres bonnes personnes. Est-ce que ça n’est pas pour ça exactement qu’au bout de 24 heures de présence chez votre fille, vous vous poussez à l’autre bout de la province, à cinq heures de route, pour ne pas avoir à la materner ainsi que vos petits-enfants ?

Vous espérez de la gratitude de la part de votre fille, mais la gratitude ce n’est pas gratuit. Ça se mérite. Ça se gagne. Quelles sont vos vraies forces à vous, « Mère foudroyée » ? À quoi allez-vous les em- ployer pour les prochains 20 ans ? La réponse est entre vos mains ! Anonyme

D’une façon plus directe, avec votre sensibilit­é d’homme, vous emmenez cette femme sur le chemin d’une réflexion corollaire à la mienne. À savoir de prendre le temps d’analyser le point de vue de sa fille sur le rôle qu’elle a pensé bien jouer dans l’enfance de ses quatre enfants. Merci d’avoir su si bien cerner ce cas.

Newspapers in French

Newspapers from Canada