Un bébé raton chez un présumé meurtrier
Affamé et déshydraté, il était dans une garde-robe
Le Centre Refuge Nymous croyait à une mauvaise blague quand la Sûreté du Québec les a contactés, le 2 juillet, mais c’était bien réel. Après avoir arrêté à son domicile un homme soupçonné d’avoir tué une femme à Saint-gabriel-de-brandon, les policiers ont découvert un bébé raton laveur dans un piètre état, enfermé dans une garde-robe.
« Il était dans une boîte, dans une garde-robe, pas d’eau, pas de nourriture. La chaleur là-dedans… Et il était agressif, le petit », relate Rachel Garenne, présidente et cofondatrice du Centre Refuge Nymous, dans la région de Lanaudière.
Un de ses bénévoles est allé récupérer le raton laveur âgé de deux mois à peine, le jour même, dans le logement de Daniel Arsenault, 52 ans, qui a été accusé le lendemain du meurtre prémédité de Chloé Bellehumeur-lemay, une serveuse d’un resto-bar de 22 ans.
ÉTAT « LAMENTABLE »
La bête, très maigre, était dans un état « lamentable », « déshydratée » et « affamée ». « Ce petit-là avait un comportement complètement anormal », dit-elle. « Il était bourrassé, c’est clair. Il boitait d’une patte. Tu vois qu’il a manqué de tout et qu’il n’a jamais vu d’autres ratons laveurs. Il ne sait même pas manger ni téter. Je n’ai jamais vu ça », souligne Mme Garenne.
Le refuge ignore à peu près tout de l’histoire du petit qu’ils ont nommé Gabriel. Toutefois, selon Mme Garenne, il ne proviendrait pas de la région, puisqu’il s’agit d’un « raton de ville ».
DES PROGRÈS
En dix jours, le mammifère a déjà fait de beaux progrès et il se porte beaucoup mieux. Il se laisse maintenant caresser. « Pour la première fois, jeudi, il a ronronné, se réjouit-elle. C’est un signe qu’il est bien. »
Comme les nombreux ratons laveurs en difficulté qui séjournent au Centre Refuge Nymous — un organisme qui ne vit que des dons du public —, l’objectif est de permettre à la bête de retourner dans la nature le printemps prochain.
Quant à son nom, Gabriel, Mme Garenne explique le lui avoir donné afin de rendre hommage à la jeune femme dont Arsenault pourrait être le meurtrier. « Gabriel, c’est le symbole de la guérison et du pardon. C’est pour lui rendre hommage, pour qu’elle parte en paix, mentionne-t-elle. Reste que tout ça n’est pas comparable à la douleur que la famille de la jeune femme peut éprouver », tientelle à ajouter.