Le Journal de Quebec

Des Québécois vont au privé pour des soins

- HUGO DUCHAINE

Trop de dermatolog­ues font passer les lucratives injections de Botox avant les soins de santé des Québécois, dénoncent des médecins et des malades.

« C’est clair que ça pose un problème, nous demandons que les dermatolog­ues soient tenus de faire les soins d’abord au public », réclame la présidente de Médecins québécois pour un régime public, la Dre Isabelle Leblanc.

Selon elle, ces spécialist­es sont nombreux à donner la priorité aux soins esthétique­s. « Ils vont faire plus de profit à vous vendre du Botox », dénoncet-elle, soulignant que la dermatolog­ie est l’une des rares spécialité­s où les médecins peuvent faire en même temps des soins au public et au privé.

« Je pense que c’est l’appât du gain qui dicte certaines plages horaires de disponibil­ité de certains d’entre eux », déplore à son tour Paul Brunet, du Conseil de la protection des malades.

Devant les nombreux dermatolog­ues à partager leur pratique entre consultati­ons et injections, l’associatio­n des dermatolog­istes du Québec assure qu’elle veut éviter que les soins esthétique­s privent les malades.

« On en est conscients, on ne le nie pas, on essaye d’implanter des lignes directrice­s pour aider nos membres à organiser leurs soins », plaide la présidente, la Dre Dominique Hanna.

AU PRIVÉ

Mais pendant ce temps, le téléphone des deux cliniques privées du Dr Louis Lacroix offrant des soins médicaux en dermatolog­ie, à Laval et à Québec, ne dérougit pas.

Même si une consultati­on peut coûter 300 $, « c’est extrêmemen­t demandé et [les clients] viennent d’un peu partout au Québec », lance-t-il.

Les patients sont nombreux à appeler pour des problèmes chroniques de peau qui nécessiten­t des suivis, comme les cancers, dit-il. Pour répondre à la demande, il n’écarte pas de devoir embaucher des dermatolog­ues supplément­aires d’ici un an.

« C’est compliqué à départager, car il y a une grande demande pour l’esthétique », admet la Dre Hanna.

Elle souligne aussi que les facultés forment davantage de dermatolog­ues qu’avant. Le ministère de la Santé souligne d’ailleurs que d’ici 2020, 43 nouveaux dermatolog­ues entreprend­ront leur pratique. Par contre, il s’attend à 27 départs à la retraite.

La Dre Hanna précise aussi qu’idéalement, les médecins de famille devraient eux-mêmes contacter les dermatolog­ues pour obtenir des consultati­ons à leurs patients.

« C’est dommage et ça ne devrait pas arriver que le patient lui-même doive chercher, cela devrait se passer de médecin à médecin », propose-t-elle.

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