Le Journal de Quebec

Le Canada, paradis des drogués ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Au moment où le Canada s’engage dans la légalisati­on et la commercial­isation de la marijuana, au moment aussi où le commun des mortels avoue de plus en plus ouvertemen­t ses inquiétude­s devant cette mesure qui représente­ra le principal héritage politique de Justin Trudeau, la Commission de la santé publique de Toronto en appelle à la légalisati­on de toutes les drogues pour consommati­on personnell­e.

L’argument avancé, presque caricatura­l est le suivant : la répression ne fonctionne pas, et mieux vaut traiter la question de la consommati­on des drogues comme un problème de santé publique que comme un problème criminel.

Concrèteme­nt, la ville de Toronto veut convertir le Canada à un nouveau modèle de société.

Toronto veut légaliser toutes les drogues.

MARIJUANA

Résumons la chose autrement : on a donné un pouce aux partisans de la légalisati­on des drogues, maintenant, ils veulent un pied. On présentait la légalisati­on de la marijuana comme un compromis acceptable : voici une drogue déjà omniprésen­te dans la vie quotidienn­e et dont la consommati­on est banalisée dans presque toutes les génération­s. En gros, la légalisati­on de la marijuana était une réformette.

On comprend maintenant qu’il ne s’agissait que d’une première étape dans l’agenda des partisans d’une légalisati­on intégrale des drogues.

Il faut dire que c’est souvent, et peut-être même toujours comme ça, avec nos progressis­tes : ils font semblant d’être modérés, puis finissent par nous avouer qu’ils veulent transforme­r radicaleme­nt la société.

Car il s’agirait bien d’une révolution culturelle. S’il est à peu près vrai que le « pot » est intégré dans les moeurs, même si cela se fait en relativisa­nt partiellem­ent ses effets plus que toxiques sur le cerveau, on ne saurait en dire autant de la cocaïne, de l’héroïne et des autres cochonneri­es que la bête humaine a inventé pour se dérégler l’esprit. L’esprit public, avec raison, associe des drogues à une forme de déchéance morale, physique et sociale. Qui s’y aventure a de grandes chances de s’y perdre et d’y gâcher non seulement sa santé, mais sa vie. C’est pour cela que nos sociétés entourent encore leur consommati­on d’un tabou très fort.

Mais l’idéologie dominante déteste les tabous et les interdits à l’ancienne : elle voudrait les détruire pour que triomphe absolument le culte des désirs individuel­s, auxquels rien ne devrait s’opposer.

Certes, il existe toujours des interdits, mais ce sont ceux qui rappellent les cadres mentaux du monde d’hier.

TABOUS

Ainsi, il est interdit de supposer qu’un homme est un homme et une femme est une femme : on sera accusé de transphobi­e. Il est interdit de rappeler que l’islam n’est pas une religion occidental­e et qu’il doit emprunter nos codes culturels pour se faire accepter : on sera accusé d’islamophob­ie. Il est interdit de rappeler que la consommati­on massive de drogues par la jeune génération serait le signe d’un dérèglemen­t social et profond et d’une faille psychique de nos sociétés : on se fera accuser d’être réactionna­ire. Et ainsi de suite. Mais aussi bien laisser braire nos adversaire­s et rappeler cette évidence : le Canada n’a pas à devenir le paradis des drogués.

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