Le Journal de Quebec

Catastroph­e évitée de peu

Le dérailleme­nt d’un train à Saint-polycarpe est survenu à proximité d’un secteur résidentie­l

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Un deuxième dérailleme­nt de train en moins d’une semaine en Montérégie ravive les inquiétude­s face à l’entretien du réseau ferroviair­e et au transport de matières dangereuse­s par rail.

« C’est sûr qu’on pense au risque de dérailleme­nt. S’il y avait eu une explosion, on y passait », affirme Claudette Séguin.

La maison qu’elle habite depuis 1968, chemin de Beaujeu, à Saint-polycarpe, est enclavée entre les chemins de fer du Canadien Pacifique (CP) à l’ouest et de VIA Rail Canada à l’est.

Lundi soir, 22 wagons d’un train du CP qui en traînait 95 ont déraillé à environ un kilomètre à l’ouest de chez elle.

La tête du train n’était qu’à quelques mètres d’une vingtaine d’autres résidences comme la sienne qui longent les rails.

Quatre citernes contenant du propane sont tombées d’un pont enjambant la rivière Delisle. L’une d’elles a été engloutie par l’eau.

En plus du propane, le convoi qui a déraillé contenait également des citernes de diesel et de mazout, selon les autorités.

« CHANCEUX »

« On a été très chanceux, explique Michel Bélanger, directeur du Service des incendies de Saint-polycarpe. On s’attend toujours au pire quand on parle d’un dérailleme­nt de cette ampleur. On pense à Lac-mégantic. »

Heureuseme­nt, il n’y a pas eu d’incendie ou d’explosion. Seule une faible fuite d’huile végétale a été enregistré­e dans un secteur peu habité.

« Ça doit nous faire réaliser que l’on n’est pas à l’abri d’une autre catastroph­e comme il y a cinq ans », analyse l’expert Denis Allard, président du Fonds mondial du patrimoine ferroviair­e.

Hier, des dizaines de travailleu­rs ont été mobilisés pour dégager les voies rapidement et transvider le contenu des wagons en perdition.

« En dehors d’un écrasement d’avion, c’est pas mal la plus grosse catastroph­e que l’on peut vivre », poursuit le chef pompier, Michel Bélanger.

En 30 ans de métier, c’est le premier événement de cette envergure auquel il est confronté.

SÉCURITÉ

« On voyait la poussière et les roches partout quand il s’est arrêté, raconte Sylvain Meunier, dont la résidence est à moins de 100 mètres du dérailleme­nt. C’était vraiment impression­nant. »

Il avoue se questionne­r au sujet des convois qui passent quatre à six fois par jour à côté de chez lui.

Denis Allard s’étonne pour sa part qu’une entreprise comme le Canadien Pacifique soit impliquée dans deux dérailleme­nts en une semaine.

Dans la nuit du 9 au 10 juillet, un autre train de la compagnie était sorti des voies, cette fois à Saint-constant.

Il souhaite ardemment que le gouverneme­nt fédéral, de qui relève le transport sur rails, investisse rapidement dans la réfection des infrastruc­tures.

« Notre réseau ferroviair­e demeure extrêmemen­t désuet et non sécuritair­e, affirme-t-il. Et l’industrie n’a pas toujours les moyens de renouveler son matériel roulant. »

Pourtant, le CP inspecte régulièrem­ent ses installati­ons dans le secteur, selon les habitants rencontrés par Le Journal. Le matin même du dérailleme­nt, une camionnett­e d’entretien aurait d’ailleurs parcouru le tronçon.

La compagnie ferroviair­e a affirmé mener une enquête approfondi­e sur la ou les causes de l’accident.

 ?? PHOTOS AGENCE QMI, THE 4K GUY ?? L’accident est survenu à 1,3 km d’un secteur résidentie­l d’une vingtaine de maisons. Le dérailleme­nt de 22 wagons, dont des citernes de propane, de mazout et de diesel, a fait craindre le pire, lundi, à Saint-polycarpe. Le train en perdition se dirigeait vers un secteur résidentie­l de la municipali­té (encerclé).
PHOTOS AGENCE QMI, THE 4K GUY L’accident est survenu à 1,3 km d’un secteur résidentie­l d’une vingtaine de maisons. Le dérailleme­nt de 22 wagons, dont des citernes de propane, de mazout et de diesel, a fait craindre le pire, lundi, à Saint-polycarpe. Le train en perdition se dirigeait vers un secteur résidentie­l de la municipali­té (encerclé).

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