Les premières commandes de C Series de l’ère Airbus aux É.-U.
Maintenant appelés A 220, ils seront montés en Alabama, pas à Mirabel
Deux semaines après avoir pris le contrôle de la C Series, Airbus a déjà dévoilé deux commandes importantes pour la gamme d’avions développée par Bombardier, mais les travailleurs québécois n’en profiteront pas beaucoup.
David Neeleman, qui a notamment cofondé les compagnies Westjet et Jetblue, s’est engagé hier à acheter 60 avions A220-300, issus de la C Series, au salon aéronautique de Farnborough, en Angleterre. Il compte lancer un nouveau transporteur américain, connu pour l’instant sous le nom de Moxy.
La semaine dernière, Jetblue a commandé 60 appareils A220-300 à Airbus. La valeur du contrat s’élève à 5,4 milliards $ US (7,1 milliards $ CA) avant les rabais, qui pourraient atteindre 70 %, selon l’agence Moody’s.
120 APPAREILS CHEZ JET BLUE ET MOXY
Or, les 120 avions qui iront chez Moxy et chez Jetblue ne seront pas construits à l’usine Airbus/bombardier de Mirabel, mais plutôt à celle d’airbus en Alabama.
Il en sera ainsi parce qu’airbus a promis de construire aux États-unis les avions A220 destinés aux clients américains.
LIVRAISONS À PARTIR DE 2020
En vertu de l’entente conclue avec Airbus en octobre, c’est Bombardier qui assume la facture de 300 M$ US (396 M$ CA) de la future chaîne de montage de l’a220 en Alabama. La construction doit commencer plus tard cette année et être terminée en 2019.
Airbus prévoit que la production de l’a220 débutera en 2020 à son usine de l’alabama. Jetblue attend justement ses premiers A220300 en 2020, et Moxy, en 2021.
David Chartrand, coordonnateur de l’association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale, ne s’inquiète pas outre mesure. Il souligne que tous les cockpits des avions A220 sont fabriqués à l’usine de Bombardier à Saint-laurent, qu’ils soient pour des clients américains ou non.
« Si les compagnies américaines achètent cet avion-là, c’est quand même une marque de confiance, dit M. Chartrand. Ça va aussi se vendre en Europe et ailleurs. »
Pour l’instant, c’est Embraer qui remporte la bataille des commandes à Farnborough, face à Airbus et à Bombardier. L’avionneur brésilien a reçu des engagements pour 282 appareils, contre 120 pour l’a220 et 0 pour le CRJ de Bombardier.
Le transporteur américain Republic, qui a une commande moribonde pour 40 avions A220, a volé la vedette hier avec une lettre d’entente visant jusqu’à 200 avions E175 d’embraer, un concurrent du CRJ.
INVESTISSEMENTS FACILITÉS PAR L’ÉTAT
Par ailleurs, deux firmes aéronautiques présentes au Québec ont annoncé hier à Farnborough des investissements facilités par des coups de pouce de l’état.
Esterline CMC Électronique réalisera un « projet de transformation » de 24,4 M$ grâce à un prêt sans intérêt de 11,5 M$ de Québec.
De son côté, Safran Systèmes d’atterrissage Canada modernisera son usine de Mirabel au coût de 11,8 M$. Québec accorde une subvention de 2 M$ à l’entreprise.
« C’est vraiment incontournable, les aides gouvernementales. Si on n’en fait pas, on va se faire dépasser par la concurrence, qui est partout sur la planète », soutient Suzanne Benoît, PDG d’aéro Montréal.