Finir derniers plutôt que premiers
WASHINGTON | Le baseball majeur vit une paix syndicale depuis cette satanée grève qui avait mis fin aux espoirs des Expos de remporter une première Série mondiale en 1994. Mais il n’est pas dit que les prochaines négociations pour le renouvellement de la convention collective dans trois ans pourront se faire en douceur. Le nerf de la guerre revient toujours à l’argent.
À l’ouverture des camps d’entraînement, en février dernier, l’association des joueurs a porté plainte contre les Marlins de Miami, les Athletics d’oakland, les Pirates de Pittsburgh et les Rays de Tampa Bay, accusant ces quatre équipes de ne pas avoir utilisé de façon appropriée l’argent provenant du partage des revenus qui leur avait été versé.
Plusieurs joueurs autonomes n’ont pas reçu d’offres de contrat. Les plus chanceux comme J. D. Martinez, des Red Sox de Boston, ont été embauchés quelques heures avant le début des camps.
On parle tout de même d’un joueur qui a frappé 45 circuits, produit 104 points et conservé une moyenne au bâton de ,303 l’an dernier avec les Tigers de Detroit et les Diamondbacks de l’arizona.
LES JEUX SONT FAITS
Pour le moment, le baseball majeur et les joueurs se disent prêts à régler les problèmes qui les séparent. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire.
La réticence des équipes à mettre des joueurs autonomes de renom sous contrat a mené à des disparités, particulièrement dans la Ligue américaine. Les Red Sox et les Yankees de New York, dans la division Est, les Indians de Cleveland, dans la division Centrale, et les Astros de Houston, dans la division Ouest, sont virtuellement assurés d’une place dans les séries.
Or, les Athletics ont des chances légitimes, à ce stade-ci, de prendre part aux séries. Ils ne sont qu’à trois matchs des Mariners de Seattle, deuxièmes dans l’ouest, qui affronteraient les Yankees dans un match suicide visant à déterminer l’équipe qui compléterait le carré d’as dans l’américaine.
Mais qui voudra affronter les Yankees s’ils mettent la main sur Manny Machado, troisième-but étoile des Orioles de Baltimore qui pourrait être échangé ces jours-ci ?
COURSE AU PREMIER CHOIX
Martinez, qui connaît une bonne saison à titre de frappeur désigné des Red Sox, a gardé un souvenir aigre-doux de l’expérience qu’il a vécue l’hiver dernier.
« L’association des joueurs a fait ce qu’elle devait en faisant éclater la situation au grand jour », a-t-il dit dans un vestiaire bondé avant le match des étoiles, hier soir.
« C’est dommage d’entendre des directeurs généraux affirmer qu’ils contemplent davantage le premier choix au repêchage qu’une participation à la Série mondiale. Ce sont des paroles dures à entendre.
Plusieurs équipes bataillent pour terminer dans les bas-fonds du classement au lieu de rivaliser pour les premières places. »
Une douzaine d’équipes présentent des fiches inférieures à ,500 à la pause du match des étoiles. Les Royals de Kansas City et les Orioles montrent des moyennes victorieuses inférieures à ,300. Les Tigers de Detroit, qui détenaient le premier choix au repêchage en juin dernier, ont maintenu une moyenne victorieuse de ,395 l’an dernier.
LE MODÈLE DES CUBS ET DES ASTROS
Le lanceur gaucher J. A. Happ est le représentant syndical adjoint des Blue Jays de Toronto.
« Ce qui s’est passé l’hiver dernier est décevant, a-t-il commenté. Je pense que des équipes veulent suivre le modèle qui a mené certaines d’entre elles vers le succès ces dernières années. Elles essaient de vendre à leur clientèle que le succès passe par la reconstruction. »
Happ fait référence aux Astros et aux Cubs de Chicago. Les Astros ont connu huit années de misère avant de remporter finalement la première Série mondiale de leur histoire l’an dernier.
Les Cubs ont vécu la même situation jusqu’à ce que la direction confie les postes de président des opérations baseball et de directeur général à Theo Epstein, qui avait mené les Red Sox à la Série mondiale en 2004 et 2007. Ils ont remporté une première Série mondiale en 108 ans en 2016.
« Lorsque la saison de leur équipe est déjà terminée en juin, les gens restent à la maison en disant qu’ils reviendront l’année suivante, a continué Happ. On a vu ça et on le voit encore. Mais il ne faudrait pas que ça nuise à l’intégrité du sport. »