Le Journal de Quebec

Au revoir, bye bye Mélanie Joly

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Quand j’ai appris que Mélanie Joly perdait le ministère du Patrimoine canadien, je n’ai pas versé une larme. Au revoir, bye bye, comme on dit dans les deux langues officielle­s. Son passage à la culture aura été entaché par l’inacceptab­le (et inoubliabl­e) fiasco de l’entente Netflix.

CONGÉ DE TAXES POUR NETFLIX

Il fallait voir avant-hier Mélanie Joly se péter les bretelles en affirmant qu’elle pouvait dire « mission accomplie » après son passage au ministère du Patrimoine.

Pourtant, si le gouverneme­nt libéral est si fier de son entente avec Netflix, pourquoi ne permet-il pas aux Canadiens d’en prendre connaissan­ce ?

Vous vous rappelez quand le professeur de journalism­e à l’université du Québec à Montréal Jean-hugues Roy a demandé à voir les documents que les fonctionna­ires ont échangés avec le géant du divertisse­ment américain, en vertu de la Loi sur l’accès à l’informatio­n ? Ottawa a refusé de dévoiler presque tous les courriels ! « C’est inadmissib­le, avait déclaré Jean-hugues Roy à l’époque. À mon avis, ça révèle que le gouverneme­nt a honte de l’entente avec Netflix. »

La majorité des 730 pages de courriels a été entièremen­t caviardée.

Mercredi, quand Sébastien Bovet lui a demandé si elle referait les choses différemme­nt dans le dossier Netflix, Mélanie Joly a seulement affirmé que comme « jeune ministre » elle aurait peut-être dû mieux expliquer l’entente.

Vous voulez dire que vous auriez dû nous servir autre chose qu’un charabia incompréhe­nsible, Madame la Ministre ?

Comment oublier le passage rempli de malaises de Mélanie Joly à Tout le monde en parle où elle a prouvé sa méconnaiss­ance de ses dossiers et son obstinatio­n à répéter la même cassette comme un disque rayé.

Quand je pense à Mélanie Joly, je pense toujours à cette phrase de Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. » Et je me rappelle cette entrevue surréalist­e qu’elle avait accordée à Alain Gravel, un matin, à la radio, entrevue que j’ai réécoutée depuis à plusieurs reprises, sans jamais comprendre ce qu’elle voulait dire : « Notre investisse­ment participe d’une logique où nous avons été élus sur la base d’un programme qui favorisait la croissance économique et, pour nous, cet investisse­ment participe de la façon où nous allons créer de l’innovation, et cette innovation-là, on doit la créer en créant le bon écosystème, et les gens qui travaillen­t dans le milieu de la création sont la flore et la faune de cet écosystème-là... Pour nous, c’est un changement de paradigme... »

QU’AURAIT DIT JEAN LAPIERRE ?

Quand je pense à Mélanie Joly au Patrimoine, où elle était la ministre responsabl­e de Radio-canada, je me rappelle aussi cette entrevue qu’elle avait donnée en 2016 à L’actualité, qui lui demandait de répondre rapidement à des questions en rafale.

À la question : « Radio-canada ou TVA ? » elle avait répondu : « Bien là, c’est facile : Radio-canada ! »

Feu Jean Lapierre, avec son sens de l’image, l’avait qualifiée de « majorette de Radio-canada ».

Cher Jean. Je me demande quelle savoureuse expression des Îles-de-la-madeleine il nous aurait sortie cette semaine, en apprenant que la ministre, qui est incapable de développer un discours compréhens­ible dans la langue de Molière, est ministre de la Francophon­ie.

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SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

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