L’UE dit être un « allié », pas un « ennemi » des États-unis
Le G20 appelle au dialogue alors que la croissance économique est « menacée »
BUENOS AIRES | (AFP) La guerre commerciale entre grandes puissances perdure et le G20 a réaffirmé hier à Buenos Aires sa crainte qu’elle n’affecte la croissance mondiale et appelé au dialogue, alors que les États-unis restent inflexibles quant à leurs surtaxes ou menaces de sanctions.
Les 20 pays les plus industrialisés de la planète ont estimé hier que la croissance mondiale était « robuste », mais menacée « à court et moyen terme [...] par l’augmentation des tensions commerciales et géopolitiques ».
Le communiqué final du G20 Finances, réuni samedi et hier à Buenos Aires, met également en avant « la nécessité de renforcer le dialogue et les actions pour limiter les risques et renforcer la confiance ».
Après avoir imposé des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium visant avant tout la Chine, qui ont mis le feu aux poudres, les États-unis menacent de surtaxer les importations automobiles européennes, de sanctionner les pays qui commercent avec l’iran, tout en promet- tant de limiter de manière draconienne leurs achats de produits chinois.
À Buenos Aires, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a ratifié cette politique controversée.
Le président de la Commission européenne Jean-claude Juncker doit se rendre mercredi à Washington avec la commissaire au Commerce Cecilia Malmstrom pour des pourparlers, espérant obtenir une exemption européenne.
EUROPE, ALLIÉE MALMENÉE
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a souligné hier que les pays européens « voulaient occuper un statut d’allié, pas d’ennemi, mais d’allié », reprenant à dessein le mot utilisé par le président Donald Trump, qui avait qualifié vendredi les Européens d’« ennemis » en critiquant leur politique monétaire et après les avoir menacés de surtaxer des produits européens.
« L’union européenne n’est certainement pas responsable des principaux déséquilibres commerciaux. Nous cibler est certainement inapproprié », a estimé le commissaire européen, alors qu’un jour- naliste lui demandait si l’europe était victime de dégâts collatéraux dans la guerre commerciale entre États-unis et Chine.
Dans le tête-à-tête avec Washington, la France se pose en leader d’une Europe unie sur la question commerciale et fait preuve de fermeté face à « la brutalité et la loi de la jungle » que Washington impose, a dit le ministre français de l’économie et des Finances, Bruno Le Maire.
CAVALIER SEUL
Selon une source européenne qui a requis l’anonymat, Steven Mnuchin a donné à Buenos Aires « l’impression que les Américains cherchent une voie de sortie à la guerre commerciale » voyant que la situation ne peut pas durer.
Représentant de la première puissance mondiale, Steven Mnuchin a monopolisé l’attention. Il a incité la Chine et l’union européenne à des concessions pour bâtir une relation commerciale plus équilibrée.
Les parties se sont campées sur leurs positions à Buenos Aires. Face au cavalier seul des États-unis, la plupart des autres pays se font les apôtres du multilatéralisme.