De Desbiens, on a une vue sur le monde
Terreau riche pour le patinage de vitesse, le Saguenay–lac-saint-jean sait aussi se montrer gracieux sur deux lames. Grâce à Mélaurie Boivin, la région n’a jamais été aussi près de percer la communauté internationale du patinage artistique.
Toute menue et au physique parfait pour son sport, la patineuse de Desbiens devra attendre avant qu’on puisse la loger pour de bon dans l’élite mondiale.
Quelques indices attestent toutefois son haut potentiel. Mélaurie Boivin, qui n’a jamais passé plus d’une saison chez les juvéniles, les prénovices et les novices, fait cette année, à 14 ans, son entrée en catégorie junior. Un bond considérable.
« C’est certain que je la vois aux Jeux olympiques et aux championnats du monde, mais vous savez qu’il y a tellement d’impondérables qui peuvent survenir dans la vie », projette prudemment Marlène Picard, son entraîneuse qui oeuvre dans ce milieu depuis 30 ans.
« Des athlètes de talent, j’en ai vu passer beaucoup qui n’ont rien donné parce qu’ils n’étaient pas prêts à mettre les efforts. Les patineurs qu’on voit aux Jeux olympiques et aux championnats du monde, ils ont tous du talent, mais c’est leur travail qui fait la différence. Mélaurie, elle, est très responsable. Elle est talentueuse et, en plus, elle est vaillante et organisée », ajoute-t-elle.
DEBOUT À 5 H
Pour les besoins de sa progression, la jeune patineuse a joint un groupe d’entraînement à Varennes, depuis le mois de juin, mais le rythme de vie qu’elle s’était imposé chaque semaine depuis quatre ans nous convainc de son sens du travail.
Debout à 5 h, elle partait avec ses parents qui la conduisaient à 6 h vers Métabetchouan, où l’attendait une personne de confiance travailla lant à Chicoutimi et qui la déposait à l’école.
Après les cours en classe de 8 h à midi suivaient l’entraînement sur la glace de 13 h à 15 h 30 et des séances de ballet ou de cardio. Il était passé 18 h 30 quand elle rentrait à la maison pour le repas et les travaux scolaires. Et ça recommençait le lendemain. « Au premier jour que je l’ai laissée devant son école à Chicoutimi quand elle était en 6e année, je lui ai dit “tiens, c’est ton avenir qui commence ici” », nous raconte sa mère, Mélanie Brassard.
UNE FIERTÉ RÉGIONALE
Heureuse coïncidence, le déménagement de Marlène Picard à Sainte-julie lui a offert l’occasion de la suivre à Varennes où elle travaillera également avec d’autres entraîneurs.
Ce changement survient alors qu’elle vient d’être identifiée dans le programme « Prochaine génération » de Patinage Canada, dans lequel elle bénéficiera de moyens accrus « conformes aux normes exigées pour être les meilleurs au monde », selon la fédération nationale.
« Je suis prête pour augmenter la charge d’entraînement », avoue la jeune patineuse, qui devrait entretenir la fierté régionale des « Bleuets » en côtoyant ainsi au quotidien l’élite québécoise et canadienne durant ses deux prochaines années chez les juniors.
« C’est plaisant de sentir la fierté du Saguenay–lac-saint-jean pour Mélaurie. On ressent un sentiment d’appartenance », témoigne Mélanie Brassard, trahie par son coeur de mère...