Le Journal de Quebec

Une pétition pour empêcher le retour des ados arrêtés

- CATHERINE BOUCHARD

Une pétition a été lancée pour empêcher les six garçons du Séminaire des Pères Maristes qui auraient fait circuler des photos explicites de certaines collègues de classe de réintégrer l’école en septembre.

La pétition a été initiée par Ariane Boivin, enseignant­e en psychologi­e au Cégep Garneau, et Ariane Litalien, cofondatri­ce de Québec contre les violences sexuelles. Cette dernière a été victime de violences sexuelles lorsqu’elle était à l’université, en 2013.

Au moment de mettre sous presse, plus de 1150 personnes avaient signé la pétition.

Le 2 mai dernier, six élèves du Séminaire ont été arrêtés pour avoir partagé des photos explicites de jeunes filles fréquentan­t leur établissem­ent. Ils ont été suspendus pour le reste de l’année scolaire.

Ils doivent comparaîtr­e en chambre de la jeunesse, où ils pourraient faire face à des accusation­s de possession et de distributi­on de pornograph­ie juvénile.

En juin, la direction a annoncé que ces élèves pourraient réintégrer le séminaire dès septembre, soutenant que leur mission est de « supporter les élèves qui rencontren­t des obstacles » et que leur « volonté [est] de distinguer le processus judiciaire du processus scolaire ».

« INJUSTICE PROFONDE »

Les parents des jeunes filles visées ont déploré la décision de la direction, une position que partage Mme Litalien.

« Pour moi, c’est une injustice profonde », laisse-t-elle tomber.

Mme Litalien raconte qu’elle a dû côtoyer son agresseur pendant plus d’un an, ce qui a eu des répercussi­ons très graves dans sa vie. « Ç’a beaucoup affecté ma santé mentale et ma vie en général. J’étais rendue suicidaire », explique-t-elle, ajoutant s’inquiéter que les adolescent­es concernées vivent des difficulté­s similaires.

« Une des trois victimes alléguées a été hospitalis­ée en pédopsychi­atrie, ce que je peux comprendre, car c’est très traumatisa­nt », insiste-t-elle. Elle rappelle que revoir un agresseur fait revivre constammen­t le traumatism­e d’une victime.

Mme Litalien s’est donc adressée personnell­ement au directeur de l’école, François Sylvain, pour lui expliquer les risques de réunir les présumés agresseurs et leurs victimes alléguées. « Il m’a dit qu’il ne changerait pas d’idée, donc je m’adresse maintenant au conseil d’administra­tion », explique-t-elle.

ORGANISMES SPÉCIALISÉ­S

Expulser les six garçons de l’école n’aurait pas été un abandon, selon elle, puisque des organismes spécialisé­s auraient pu les accompagne­r « pour faire de l’éducation par rapport à leur geste ».

« Ce serait dommage de les expulser sans leur faire comprendre le mal qu’ils ont fait », fait-elle valoir.

Le Journal a tenté de joindre le directeur du Séminaire, mais n’a obtenu aucun retour d’appel.

« Ne me demandez pas de commenter la situation qui se retrouve sous enquête policière », a répondu de son côté la présidente de l’associatio­n des parents, Jany Bédard.

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