Le Journal de Quebec

Montréal estelle à l’abri ?

- MARIE-ÈVE DUMONT

Montréal semble encore épargnée de cette montée de la violence par armes à feu observée dans plusieurs villes du pays. Un répit qui s’explique entre autres par de meilleures politiques sociales, selon un expert.

Depuis janvier, 8 personnes ont été tuées par fusillade dans la métropole québécoise contre 29 à Toronto.

Cette disparité peut notamment s’expliquer par le fait que la province offre un meilleur tissu social, estime Irvin Waller, criminolog­ue à l’université d’ottawa.

« Au Québec, il y a des politiques sociales comme le service de garde universel qui réduit les facteurs de risque à long terme de même que les centres jeunesse qui sensibilis­ent aussi plus les jeunes, c’est en partie pourquoi Montréal fait mieux [que d’autres grandes villes] », estime le spécialist­e en prévention des crimes.

MARCHÉ LÉGAL

Les armes utilisées dans des fusillades au pays viennent de plus en plus du marché canadien légal avant de se retrouver dans un contexte criminel, mentionne Francis Langlois, chercheur associé à la Chaire Raoul-dandurand de l’observatoi­re des États-unis (UQAM).

« Au début des années 2000, la vaste majorité des armes à feu retrouvées sur des scènes de crime provenait des États-unis, mais depuis quelques années, ça tend à diminuer au profit des armes canadienne­s », explique M. Langlois.

ARMES MILITAIRES

En Colombie-britanniqu­e par exemple, plus de 60 % des armes saisies proviennen­t de l’intérieur du Canada, illustre l’expert.

« Ce sont donc des armes qui ont été acquises légalement, mais qui sont utilisées par des gens à des fins criminelle­s, comme à la mosquée de Québec, ou encore des armes perdues, volées, vendues ou données à des gens qui ont été peu scrupuleux dans leur utilisatio­n », précise-t-il.

Depuis 2010, il y a aussi une augmentati­on du nombre d’armes à utilisatio­n restreinte au Canada, qui sont essentiell­ement des pistolets, ajoute M. Langlois.

« L’industrie de l’arme à feu a modifié son offre. Le marché a été militarisé en offrant des produits comme des pistolets ou des versions civiles des fusils d’assaut militaire, c’est là qu’il y a de la croissance dans le marché de l’arme à feu. Ce sont des armes plus efficaces que des carabines de chasse, on peut donc mettre 10 balles au lieu de 3 ou 4 par exemple », insiste-t-il. -Avec la collaborat­ion de Christophe­r Nardi

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