Le Québec continuera de carburer aux pollueurs
Lancées en décembre 2013, les ventes québécoises de droits d’émission de gaz à effet de serre à la Bourse du carbone ont rapporté jusqu’à présent plus de 2,5 milliards de dollars dans les coffres du gouvernement du Québec.
Qu’on se le tienne pour dit : le Québec ne se retirera pas de la Bourse du carbone où les grands pollueurs et distributeurs de carburants sont obligés d’acheter des droits d’émission de gaz à effet de serre lorsqu’ils dépassent les plafonds de pollution ! L’objectif de cette Bourse ? Inciter ces pollueurs à investir davantage dans des technologies plus vertes.
Ainsi, aucun des chefs de partis politiques québécois n’entend imiter Doug Ford, le nouveau premier ministre de l’ontario, qui veut sortir sa province de la Bourse du carbone.
Le chef progressiste-conservateur prétend qu’en se retirant de la Bourse du carbone, cela permettra notamment aux automobilistes ontariens d’économiser 10 cents sur le litre d’essence. Les pollueurs qui achètent des droits d’émission de gaz à effet de serre, laisse-t-il clairement entendre par cette économie évaluée à 10 cents le litre, refilent évidemment la facture aux consommateurs.
Ici au Québec, les recettes que le gouvernement retire des ventes de droits d’émission de gaz à effet de serre sont versées au Fonds vert. Ce fonds réinvestit par la suite l’argent récolté dans une série de programmes de lutte contre les changements climatiques.
COUILLARD FAIT PRESSION
Fervent défenseur de la Bourse du carbone, le premier ministre Philippe Couillard a réussi à forcer son rival de l’heure, le chef caquiste François Legault, à prendre position face au retrait de la Bourse du car- bone envisagé par Doug Ford.
Le chef de la CAQ s’est finalement engagé à ne pas retirer le Québec du marché du carbone s’il formait le prochain gouvernement québécois. Concernant les deux autres chefs, Jean-françois Lisée, du Parti québécois, et Manon Massé, de Québec solidaire, leur engagement respectif envers la lutte contre les changements climatiques était déjà acquis.
C’est donc dire que le Québec va poursuivre son engagement envers la lutte mondiale contre les changements climatiques en continuant de vendre aux enchères des unités d’émission de gaz à effet de serre par l’entremise de la Bourse du carbone. Cette Bourse regroupe présentement la Californie, le Québec et l’ontario. Le Mexique s’y intéresse, et également d’autres États américains.
MELANÇON VANTE LA BOURSE
Selon la ministre Isabelle Melançon, du Développement durable, de l’environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, il n’est pas question pour la Californie et le Québec de baisser les bras devant la menace de l’ontario de se retirer de la Bourse du carbone.
« Notons que même avant l’arrivée de l’ontario à titre de partenaire [en 2017], ce marché avait été reconnu, dit-elle, comme l’un des plus performants et rigoureux sur la scène internationale. »
La ministre Melançon rappelle qu’il existe présentement dans le monde 21 systèmes de plafonnement et d’échange de droits d’émission en activité.
Cela dit, avant de sortir officiellement de la Bourse du carbone, Doug Ford devra évaluer si son retrait sera vraiment pertinent compte tenu du fait que le gouvernement Trudeau pourra l’obliger d’imposer une taxe sur le carbone.