Le Journal de Quebec

IL AVOUE AVOIR FAIT DES VICTIMES EN HAITI

La SQ analyse cette confession du père rédemptori­ste Jean-claude Bergeron, déjà incarcéré pour l’agression sexuelle de sept garçons.

- NICOLAS SAILLANT

Le père rédemptori­ste Jean-claude Bergeron, qui purge une peine de quatre ans pour l’agression sexuelle de sept garçons, a admis pour la première fois avoir fait d’autres agressions de nature sexuelle en Haïti devant la Commission des libération­s conditionn­elles. Cette nouvelle informatio­n est « analysée » par la SQ.

« C’est majeur », lance Frank Tremblay, victime des Pères rédemptori­stes et incitateur du recours collectif contre la congrégati­on. « C’est la confirmati­on de ce que je croyais », ajoute celui qui entend ces aveux pour la première fois.

L’homme de 77 ans a été condamné à quatre ans de pénitencie­r en 2016 pour l’agression de sept victimes âgées entre 12 et 16 ans, au début des années 80. Le 19 juillet dernier, Bergeron était de passage devant la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada (CLCC) afin de pouvoir bénéficier d’une libération conditionn­elle complète, ce qui lui a été refusé. ( Voir encadré)

Dans le document, les commissair­es indiquent cependant que « selon vos propres aveux, vous [Jean-claude Bergeron] avez commis d’autres délits de nature sexuelle alors que vous étiez missionnai­re en Haïti et que vous bénéficiez d’un statut privilégié d’autorité ».

LA POLICE VÉRIFIE

Cette déclaratio­n constitue la première forme d’aveu du père Bergeron concernant des gestes à caractère sexuel alors qu’il était à l’étranger. « C’est la première fois que je l’entends », indique Frank Tremblay, qui a appelé l’enquêteur au dossier après avoir été informé de ces aveux par Le Journal.

La Sûreté du Québec, qui a mené l’enquête menant aux accusation­s contre les Pères rédemptori­stes, dit être au « fait » de ces nouvelles informatio­ns. « C’est des informatio­ns qui sont analysées par la SQ », confirme le porte-parole Louis-philippe Bibeau, sans en dire davantage.

POSSIBLE ACCUSATION ?

Les aveux de Jean-claude Bergeron pourraient être importants puisqu’une dispositio­n de l’article 7 du Code criminel permet le dépôt d’accusation­s pour des gestes à caractère sexuel commis à l’étranger. « Si un citoyen canadien est l’auteur d’une infraction sexuelle, même commise à l’étranger, il est réputé en droit de l’avoir commis au Canada », explique de manière générale le porte-parole du DPCP, Me Robert Benoit.

Une enquête doit toutefois être instituée et déposée sur le bureau du DPCP avant que des accusation­s puissent être portées. Au fait de cette dispositio­n, Frank Tremblay a ainsi fait des démarches pour informer celui qui a été l’enquêteur au dossier à Québec.

« POURQUOI ? »

Jean-claude Bergeron a commis ses agressions entre 1976 et 1980, après quoi il a été muté à la Mission des rédemptori­stes à Port-au-prince, en Haïti. « Pourquoi on l’a envoyé en mission ? Je me suis toujours posé la question : mais qu’est-ce qu’il est allé faire là », questionne M. Tremblay

Le religieux déchu doit quant à lui rester en maison de transition jusqu’aux deux tiers de sa peine, soit à sa libération d’office, vu son lent cheminemen­t quant à ses crimes.

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PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Jean-claude Bergeron purge actuelleme­nt une peine de quatre ans. Sur la photo, on le voit au palais de justice de Québec, en novembre 2013, au début de son procès.

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