Des carcasses qui dérangent à Charny
Un surplus d’animaux morts à l’usine Sanimax a occasionné de fortes senteurs
La canicule d’il y a deux semaines aura eu des effets insoupçonnés à Charny, l’usine Sanimax ayant reçu près de 50 % de plus de carcasses d’animaux morts dont disposer, ce qui a causé des problèmes d’odeurs.
La direction de Sanimax, une entreprise de récupération de sous-produits animaux, a fait parvenir une lettre aux résidents voisins de l’usine à la suite de la période de chaleur qui s’est étirée du 27 juin au 9 juillet dernier. On y apprend qu’un important surplus de production a forcé l’entreprise à se creuser la tête pour parvenir à tout traiter.
« Cette vague de chaleur historique a eu un impact direct sur le cheptel agricole de l’ensemble de la province. […] Au cours de cette période, ce sont 1 200 000 kg d’animaux morts de plus qu’à l’habitude qui ont été acheminés chez Sanimax », explique la missive envoyée à la suite d’une réunion d’urgence du comité de vigilance environnementale.
En raison de l’achalandage accru, des remorques en attente de déchargement se sont retrouvées à patienter, chargées d’animaux morts « à un niveau de dégradation avancée ». « Ça fait 18 ans que je suis dans la business et je n’avais jamais vu ça. Des moments, on avait 30 remorques dans la cour », souligne Yannick Cadotte, directeur de l’usine de la Rive-sud de Québec.
DIFFICILE POUR LE PORC
Ce sont principalement des carcasses de porcs qui ont occupé les travailleurs de Sanimax au cours des dernières semaines.
Selon l’entreprise, des producteurs auraient perdu des productions entières en raison de la chaleur.
« Ce sont surtout eux qui y ont goûté. On me disait qu’un éleveur qui perd sa climatisation quelques minutes dans une situation de chaleur comme celle-là, il perd ses bêtes », précise Rémi Bujold, président du Comité de vigilance environnementale surveillant les activités de Sanimax.
Cette demande d’un peu partout en province a donné bien des maux de tête à l’entreprise, qui en plus de devoir gérer une production au-delà de ses capacités, devait tenter de minimiser les odeurs.
« Pour tout vous dire, j’ai couché à l’usine, je devais faire des 20 heures, raconte Yannick Cadotte. On triait les remorques pour rentrer les plus odorantes, on mettait des produits sur les camions, on lavait sans arrêt la cour, bref on faisait tout pour diminuer les odeurs. »
CITOYENS INDISPOSÉS
Malgré tous ces efforts, les citoyens du secteur ont tout de même été indisposés par les fortes odeurs de décomposition. « Il y a des journées où c’était terrible. On est enfermé six mois par année et quand on veut profiter de l’été, ça pue », déplore Camil Cloutier.
Ce dernier suggère un système d’amende dès que des odeurs trop intenses se font sentir. « Il devrait y avoir une amende de 10 000 $ à chaque fois que ça sent trop fort. Et cet argentlà pourrait être réinvesti dans Charny », propose M. Cloutier.
D’autres résidents s’en faisaient un peu moins avec la situation, préférant se dire qu’elle était exceptionnelle.
« Oui, ça sentait mauvais et ça sentait longtemps, mais que voulez-vous faire ? Ils ne contrôlent pas plus la température que nous », relativisait Jacqueline Thibault.