Le septième continent
Chaque fois que je vais en Afrique ou en Asie, j’en reviens malade de voir tant de déchets plastiques qui débordent partout.
Le plastique a un impact majeur sur l’économie et dévastateur sur l’environnement.
Ils jonchent les trottoirs des grandes villes, les abords des chemins de fer et des plages, et finissent toujours par se déverser dans les océans.
UNE PLAIE
Cette pollution plastique est une véritable plaie qui menace la faune et la flore et met à risque l’ensemble de la chaîne alimentaire et, potentiellement, notre santé. Le gouvernement fédéral s’est engagé à s’y attaquer en lui consacrant un budget de 100 millions de dollars.
Au moins cinq dirigeants du dernier sommet du G7, qui s’est tenu dans Charlevoix en juin dernier, en avaient fait un enjeu prioritaire en adoptant la Charte sur les plastiques dans les océans.
Le plastique a un impact majeur sur l’économie et dévastateur sur l’environnement. La Fondation Ellen Macarthur, soutenue par le Forum économique mondial, estime que, si rien n’est fait pour en réduire la production et la consommation, « il y aura plus de plastique dans l’océan que de poissons en 2050. »
Pas étonnant que les spécialistes parlent d’un « septième continent », tellement l’étendue de cette pollution dans l’océan est vaste.
La Méditerranée est en voie de devenir une « mer de plastique. »
Des solutions existent, mais elles ne sont pas à la portée de tous. L’une d’elles est une initiative citoyenne qui a retenu mon attention. Il s’agit du projet Plastic Odyssey, piloté par quatre jeunes Français de 24 à 32 ans.
Je me suis entretenue, par écrit, avec Alexandre Dechelotte, l’un de ses membres fondateurs.
UN PROJET INSPIRANT
C’est l’histoire d’une prise de conscience d’un jeune officier de la marine marchande française, Simon Bernard, qui a constaté, lors d’une de ses escales à Dakar, l’ampleur des dégâts engendrés par les déchets plastiques.
Avec son copain de promotion, Alexandre Dechelotte, et deux autres ingénieurs, ils conçoivent le projet Plastic Odyssey, qui a le mérite de viser plusieurs objectifs socialement responsables et économiquement viables.
« Nous voulons démocratiser les machines de recyclage et les distribuer en open source aux habitants des pays en développement pour leur permettre de créer localement de petites usines de collecte, tri, recyclage et valorisation énergétique des déchets plastiques afin de revendre la matière première ou des objets finis, créer des emplois et dépolluer l’environnement. », explique Alexandre Dechelotte.
Brune Poirson, secrétaire d’état en matière de transition écologique, a salué ce projet audacieux sur son compte Twitter, le 15 juin dernier : « Le bateau @Plasticodyssey fonctionne grâce au carburant créé à partir de déchets plastiques. Heureuse d’être la marraine de ce projet fou, devenu réalité et porté par une équipe visionnaire ! L’#economiecirculaire : empêcher que les déchets arrivent jusque dans nos océans. »
L’équipe de Plastic Odyssey a donc franchi une étape importante, celle de recueillir suffisamment de fonds pour inaugurer son navire-démonstrateur, nommé Ulysse, le premier bateau à être mû à l’énergie issue des déchets plastiques.
En 2020, c’est un catamaran de 25 mètres qui s’arrêtera sur les côtes des continents les plus pollués, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, afin d’y rencontrer des ONG locales avec lesquelles un partenariat sera établi.
« Le plastique sera alors trié, broyé et recyclé lors d’ateliers de démonstration qui ont pour but d’inspirer les entrepreneurs et artisans locaux et de faire naître des microprojets, créer des objets finis ou des matériaux de construction en intégrant les savoir-faire et besoins du pays visité », écrit M. Dechelotte.
L’équipe s’active en ce moment à compléter le financement du projet en faisant appel au mécénat et aux donateurs privés sur le plan national et international. C’est le genre de projet qui m’inspire.