« Petit crisse de fendant »
Une policière du SPVM réprimandée pour ses dires lors du printemps 2012
Une agente du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a été durement blâmée récemment par le Comité de la déontologie policière pour avoir qualifié un manifestant de « petit crisse de fendant » au printemps 2012.
Les faits se sont produits le 7 mars 2012 lors d’une vigile en soutien à Francis Grenier, un manifestant atteint gravement à l’oeil par un projectile policier, pendant une manifestation, plus tôt la journée même.
La marche a débuté en soirée près des quartiers généraux du Service de police de la Ville de Montréal.
À un certain moment, un ordre est lancé à un groupe de policiers pour bloquer la ruelle Émery, entre les rues Saint-denis et Savoie.
C’est à cet endroit que s’est déroulé l’incident entre un couple de manifestants, qui sortaient d’un restaurant à proximité de la ruelle, et deux policiers.
Sébastien Paquin-charbonneau s’enquiert alors à plusieurs reprises de la légalité de la manifestation auprès de l’agente Émilie Gamache Khoukaz, qui bloque l’accès à la ruelle, soutenant qu’il veut partir si l’attroupement a été jugé illégal.
La policière répond plusieurs fois qu’elle ne le sait pas et lui suggère de poser la question à son sergent, Jean-sébastien Doyon.
« Le sergent Doyon s’avance rapidement vers la policière et lui demande ce que M. Paquin-charbonneau veut. La policière répond : “Laissele faire, c’est un petit crisse de fendant” », lit-on dans la décision de la juge administrative, Louise Rivard, rendue le 16 juillet.
La policière s’est ensuite abstenue de s’identifier clairement auprès de M. Paquin-charbonneau, puis auprès de sa copine, Marianne Routhier-caron. Idem pour le sergent Doyon, qui est allé jusqu’à révéler un faux matricule.
« INACCEPTABLES »
La juge Rivard qualifie d’« inacceptables » les propos de l’agente Gamache Khoukaz, qui comptait près de sept ans d’expérience au moment des faits.
« Le policier doit se contenir même s’il fait affaire à des citoyens insistants et intransigeants, écrit-elle. À l’évidence, se faire traiter de “crisse de fendant” représente un manque de respect et de politesse. »
Une suspension sans solde d’une journée a été i mposée à la policière, qui devra purger une journée supplémentaire pour avoir omis de s’identifier.
Son supérieur, le sergent Doyon, a commis une faute « encore plus grave », selon la juge, alors qu’il a « induit volontairement en erreur un citoyen » en lui fournissant un matricule inventé. Trois jours de suspension sans traitement lui ont été infligés.
« Ce comportement est hautement répréhensible pour tout policier et particulièrement pour un policier gradé. Agir de la sorte ternit la confiance et la considération que les citoyens doivent avoir envers les policiers », reproche-t-on au sergent.