Le Journal de Quebec

Ludique et divertissa­nt

Des voix et du jeu de qualité pour La belle Hélène

- YVES LECLERC

Les drames, les amours déchirante­s et les morts douloureus­es sont omniprésen­ts à l’opéra. La belle Hélène offre quelque chose de tout à fait différent avec beaucoup de comédie, des situations loufoques et aussi des voix de qualité.

Cette opérette de Jacques Offenbach, présentée à nouveau ce soir et mercredi à La Bordée, à l’occasion du Festival d’opéra de Québec, se distingue par sa légèreté.

On peut même comparer La belle Hélène à une comédie de théâtre d’été de qualité, mais sans les claquages de portes et les maris cachés dans le placard. Une sorte d’opéra d’été qui peut servir de porte d’entrée dans le monde de l’art lyrique.

Cette opérette montée par les Jeunesses musicales Canada raconte l’histoire d’amour entre Pâris et Hélène.

Attirée par cet homme qui prétend être un berger, la belle Hélène, mariée à Ménélas, roi de Sparte, lui offre de la résistance, mais souhaite tomber dans ses bras.

Après avoir présenté Don Giovanni, l’année dernière, Jeunesses musicales Canada récidive avec une propositio­n où l’humour et la légèreté sont de mise, sans jamais sacrifier le talent vocal.

ANACHRONIS­MES SOURIANTS

La belle Hélène est un croisement entre le théâtre et l’opéra. Le jeu est présent, et les différents chanteurs s’acquittent très bien de ce travail. Surtout du côté de la mezzo-soprano Maude Côté-gendron, qui habite superbemen­t et avec beaucoup de charisme l’espace de jeu. Elle démontre toutes les subtilités de sa voix durant Gloire au berger victorieux.

On peut aussi dire la même chose du baryton Dominic Veilleux dans le rôle du roi Agamemnon, du ténor Mathieu Abel dans le rôle de Pâris et de la mezzo-soprano Charlotte Gagnon, qui marie bien les éléments de chant et de jeu dans le personnage d’oreste.

Le ténor Richard-nicolas Villeneuve est tout à fait hilarant dans le rôle de Ménélas, et le baryton David Turcotte habite bien l’expert en manigances, Calchas. Le pianiste Bryce Lansdell offre toute une performanc­e, livrant à lui seul toute la trame sonore de cette opérette.

Mise en scène par Alain Gauthier, l’opérette propose plusieurs anachronis­mes qui font rire le public : des liens avec la modernité, une allusion à une chanson de Céline Dion et l’aspect hétéroclit­e de certains accessoire­s, dont la façon de représente­r le tonnerre et les éclairs. On a même droit à un clin d’oeil au théâtre de marionnett­es et à une séquence de chants tyroliens.

C’est très ludique, et il y a énormément de folie sur scène. On se demande même si ce n’est pas un peu trop fou à un moment donné. Les puristes ont peut-être un peu sourcillé ici et là, mais, samedi, lors de la première, le public s’est levé d’un bloc pour applaudir un spectacle très divertissa­nt et des voix de grande qualité.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E La mezzo-soprano Maude Côté-gendron offre une performanc­e remarquabl­e dans l’opérette La belle Hélène. On la voit ici en compagnie du baryton David Turcotte dans le rôle de Calchas.

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