Le Journal de Quebec

Été 2018 : une autre controvers­e ?

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

La semaine dernière, j’ai vu pour la troisième fois le spectacle Odysseo de Cavalia. Et j’ai vécu le même coup de foudre que la première fois. C’est un moment de magie, de poésie et de tendresse comme on en voit rarement sur une scène.

C’est pourquoi je suis tombée en bas de ma chaise quand j’ai appris dans Le Journal que des militants « antispécis­tes » (qui considèren­t que l’humain n’est qu’un animal comme les autres) avaient vandalisé des affiches du spectacle Cavalia en y apposant des slogans comme « Vous maltraitez les animaux » ou « Cessons d’opprimer les autres animaux ». Youhou, les militants, vous n’avez rien compris. Cavalia c’est au contraire la plus formidable des déclaratio­ns d’amour au cheval.

UN ANIMAL NOBLE ET PUISSANT

Cette année, on a ajouté un numéro époustoufl­ant. Sylvia Zerbini dirige avec doigté et douceur un groupe de douze chevaux. C’est un moment magique où l’on retient son souffle. Elle flatte les bêtes sur le museau, leur lance des ordres avec une voix de velours, et leur fait exécuter des déplacemen­ts tout en douceur. Je vous jure, on a l’impression que Zerbini et les chevaux parlent le même langage, qu’ils se comprennen­t d’un regard. Ce numéro est le plus bel exemple que j’ai vu de ma vie de la relation privilégié­e qu’un humain peut entretenir avec un animal. D’égal à égal. Et c’est ce spectacle-là que des militants ignares choisissen­t de salir en accolant des affiches « Cessons d’opprimer les autres animaux » ?

Les chevaux ne sont pas « opprimés » dans Odysseo, ils sont admirés, flattés, respectés. Tout au long du spectacle, j’étais frappée par le nombre de fois où les humains félicitaie­nt les chevaux, les caressaien­t, les flattaient, avec dans le regard ce mélange de respect et d’admiration.

Et le public était dans le même état : à la fois impression­né par la puissance de l’animal et ému par la grâce de sa démarche. Dans un des plus beaux moments du spectacle, chaque cheval dépose sa tête sur le cou du cheval situé à ses côtés. Le tableau est bouleversa­nt. S’il y a un spectacle qui nous fait prendre conscience du lien fort qui nous unit aux animaux, c’est bien Odysseo.

Assister à Odysseo, c’est une leçon d’humilité et d’humanité. On se sent bien petits devant ces êtres puissants, mais on sait aussi que sans eux, sans leur présence à nos côtés depuis des millénaire­s, nous n’aurions pas pu nous développer comme civilisati­on.

Ce que raconte Odysseo, c’est l’aventure sur terre de deux êtres qui ont besoin l’un de l’autre, l’homme et le cheval.

Si les militants antispécis­tes avaient vu des milliers d’enfants et adultes craquer devant le charme des chevaux, s’ils avaient pu visiter les écuries comme je l’ai fait et voir l’amour porté aux animaux, s’ils avaient pu parler avec Normand Latourelle et vu les étoiles dans ses yeux quand il parle des chevaux, ils auraient peut-être compris qu’ils se trompaient carrément de cible.

Les chevaux ne sont pas « opprimés » dans Odysseo

BIENVENUE EN ABSURDISTA­N

Décidément, l’été 2018 aura été marqué par des controvers­es absurdes. Un spectacle hommage aux esclaves considéré comme colonialis­te ; un spectacle hommage à la culture autochtone considéré comme trop Blanc ; et un spectacle hommage aux chevaux accusé de déconsidér­er les chevaux. C’est le monde à l’envers !

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