Le chantier Davie encore sur « le respirateur artificiel »
L’aide de 500 M$ qu’annoncera aujourd’hui le fédéral n’est pas jugée suffisante
OTTAWA | Le gouvernement Trudeau va annoncer aujourd’hui un investissement de plus de 500 M$ qui va créer 200 emplois au chantier maritime Davie, la moitié des 400 postes espérés.
L’accord pour l’acquisition et la conversion de trois brise-glaces survient après des mois d’intenses négociations entre le fédéral et les patrons du chantier. Une période durant laquelle près de 800 salariés ont été mis à pied, faute de travail.
Les quelque 500 millions $ serviront à acheter trois navires, dont un sera converti à temps pour la saison hivernale de 2018. En tout, le contrat assure le maintien de 200 emplois sur une période de deux ans, a confirmé une source gouvernementale.
Plusieurs intervenants proches du dossier sont amèrement déçus de l’envergure de l’entente. Au départ, la Davie proposait de convertir quatre navires et de créer 800 emplois. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 250 à travailler sur le chantier.
« Ça nous donne de quoi pour survivre, mais on est encore sur le respirateur artificiel », déplore le président du syndicat des travailleurs du chantier Davie, Réjean Guay. Un avis que partage le porte-parole des fournisseurs du chantier, Pierre Drapeau.
« INSULTE »
Ce dernier qualifie même « d’insulte » le traitement réservé à l’industrie navale du Québec par le gouvernement Trudeau. « Sous ce régime politique, le chantier est en train de s’éteindre », tranche-t-il, sans appel.
À son avis, l’envergure du contrat est si faible que les sous-traitants de la Davie n’en ressentiront pratiquement pas les bénéfices.
M. Drapeau craint que le manque de travail fasse « s’évaporer » l’expertise développée par les fournisseurs de la Davie dans les dernières années. « C’est ce qui me trouble le plus dans l’équation », dit-il en entrevue téléphonique. Il rappelle que la chaîne d’approvisionnement navale au Québec est composée de quelque 900 entreprises.
ÉCARTÉE
La Davie a été écartée de la Stratégie navale du gouvernement fédéral sous le précédent gouvernement conservateur, en 2011. L’essentiel des contrats a été offert aux chantiers Seaspan de Vancouver et Irving d’halifax. Plusieurs fondaient donc beaucoup d’espoir sur le gouvernement Trudeau pour corriger ce qu’ils qualifient « d’injustice ». La réponse des libéraux, aujourd’hui, constitue « un début très timide », se désole elle aussi Ann Gingras, une porte-parole de la CSN.