Le Journal de Quebec

Policier de la SQ accusé de fraude

Il aurait menti ou omis des faits pour demeurer en congé de maladie payé, soutient la Couronne

- CLAUDIA BERTHIAUME

Un policier de la Sûreté du Québec, en congé de maladie depuis neuf ans, aurait fraudé son employeur en mentant ou en omettant certains faits pour être déclaré inapte au travail, tout en conservant son plein salaire, allègue la Couronne.

Depuis son entrée à la Sûreté du Québec (SQ) en 2001, le sergent Nicolas Landry a passé plus de temps en congé de maladie qu’à faire de la patrouille ou des enquêtes.

Il n’exerce plus ses fonctions de policier depuis 2009, moment où on lui aurait diagnostiq­ué une dépression majeure.

Un conflit de travail avec des gestionnai­res serait également à l’origine de son départ, selon ce qui a été dit au premier jour de son procès, hier, au palais de justice de Montréal. L’homme de 42 ans est accusé d’avoir fraudé son employeur, entre le 22 mai 2014 et le 20 novembre 2014.

ILS DOUTENT

À cette époque, les patrons du policier auraient commencé à douter du bien-fondé de son congé de maladie, après avoir découvert qu’il s’impliquait activement dans des agences de voyages détenues par son père et sa conjointe du moment.

Hier, une ex-employée a affirmé au juge André Perreault que, pour elle, c’était Nicolas Landry le patron des agences.

« Quand on avait des questions, on allait voir [son ex-femme] et elle disait souvent : “Appelle Nicolas” », a illustré Sylvie Gauthier.

Cependant, le policier se faisait « très discret » lors de la prise de photos, a continué la conseillèr­e en voyage. C’est d’ailleurs un cliché pris lors d’un voyage à Boston qui aurait éveillé les soupçons de la SQ.

L’organisati­on aurait alors mandaté une équipe de filature provenant d’une firme externe pour suivre son employé.

« Ayant lu son dossier médical, je voyais une discordanc­e importante, une incompatib­ilité entre la difficulté à exercer ses activités quotidienn­es et être le patron potentiel d’une agence de voyages, qui doit effectuer des rencontres d’affaires », a témoigné hier le conseiller en relations de travail Rémi Lussier.

« SIMULATION »

Un psychiatre-conseil à qui ces constatati­ons ont été soumises en 2014 aurait conclu qu’il pouvait s’agir d’un « cas clair de simulation ». La section des affaires internes de la SQ a alors été saisie de l’enquête.

Nicolas Landry avait été déclaré inapte au travail, deux ans plus tôt, par un autre médecin.

Or, la convention collective des policiers de la SQ prévoit qu’un employé invalide de façon permanente touchera son plein salaire jusqu’à l’âge de la retraite, après 25 ans de services, a expliqué Me Patrick Cardinal, de la Couronne.

L’accusé est actuelleme­nt relevé de ses fonctions et il reçoit la moitié de son salaire, d’après la SQ.

Le procès doit durer un mois.

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PHOTO AGENCE QMI, MARTIN ALARIE

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