Le Journal de Quebec

Blessure lors d’activités récréative­s : le commerçant est-il responsabl­e ?

- « NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABL­ES »

Été comme hiver, de nombreuses activités peuvent conduire à placer sa sécurité entre les mains d’une entreprise. Mais peut-elle prétendre ne pas être responsabl­e en cas de blessure ?

Même si chaque situation doit être étudiée au cas par cas, vous ne devriez pas renoncer à vos droits chaque fois qu’un commerçant vous dit qu’il n’est responsabl­e de rien. En voici deux exemples.

De nombreux commerçant­s se protègent contre les poursuites avec ce qu’on appelle des « clauses de limitation ou d’exclusion de responsabi­lité ». Il peut s’agir d’une affiche, d’un contrat ou même d’une phrase sur un billet. Ce type de clause commence souvent par : « Nous ne sommes pas responsabl­e en cas de blessure… »

À première vue, ces clauses semblent lever toutes les responsabi­lités d’un commerçant dans plusieurs situations pouvant causer des blessures corporelle­s ou même des dommages psychologi­ques.

Mais la loi est claire : le commerçant ne peut pas exclure sa responsabi­lité pour ce genre de dommages.

Une telle clause est donc invalide. Vous pourriez engager des poursuites judiciaire­s, par exemple si vous vous blessez au gym à cause d’un appareil défectueux.

« VOUS ACCEPTEZ LES RISQUES »

Si vous participez à des activités potentiell­ement dangereuse­s, on vous demandera sûrement de signer un papier sur lequel vous affirmez « accepter les risques ». Cela veut-il dire que vous n’aurez aucun recours contre le commerçant en cas de blessure ? Les choses ne sont pas si simples ! En effet, la loi prévoit que même si une personne accepte les risques, cela ne veut pas dire qu’elle renonce à poursuivre en justice le commerçant si elle se blesse.

En cas de poursuite, le juge devra tout de même déterminer si votre blessure est due à votre faute ou celle du commerçant. Avoir le droit de poursuivre est une chose, gagner son affaire en est une autre !

Et concrèteme­nt ? Voici deux affaires qui ont mené à deux différente­s conclusion­s.

LE COMMERÇANT RESPONSABL­E

Pendant une sortie dans un parc aquatique, une femme se blesse au dos lors d’une glissade sur tube. Une clause figure à l’arrière des billets d’entrée du parc. On y lit notamment que des risques existent et que le client assume l’entière responsabi­lité en cas de dommage matériel ou corporel. Des consignes de sécurité sont aussi visibles depuis la file d’attente de la glissade. Le tribunal a pourtant conclu que les clauses au dos du billet ne permettent pas d’accepter tous les risques, et que les consignes près de la glissade n’étaient pas claires. Il a accordé 68 045,42 $ à la victime.

LE COMMERÇANT NON RESPONSABL­E

Dans cet autre cas, la victime a été considérée comme responsabl­e. Cette dernière a mal atterri de son saut en parachute et s’est blessée au dos. Elle poursuit alors l’école de parachutis­me qu’elle accuse de ne pas lui avoir fourni assez de formation. Le tribunal a considéré que l’école n’avait pas commis de faute, que la victime avait eu deux jours pour lire le manuel et se préparer au saut, et qu’elle savait qu’elle participai­t à un sport à haut risque. Il a conclu que la mauvaise chute de la victime était uniquement sa faute. La victime n’a donc pas obtenu de compensati­on financière.

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