Le Journal de Quebec

Un toxicomane fait des doigts d’honneur à son honneur

- NICOLAS SAILLANT

Un toxicomane qui a usé de toutes les politesses pour convaincre le juge de le remettre en liberté provisoire a finalement fait des doigts d’honneur au juge lorsque ce dernier n’a pas acquiescé à sa demande.

Accusé de vol de véhicule, de trafic de stupéfiant­s ainsi que de non-respect des conditions de probation, Raphael Caron tentait de recouvrer sa liberté pendant les procédures, malgré une imposante feuille de route en matière de violence qui lui a valu plusieurs années d’emprisonne­ment. Le jeune homme volubile et poli a ainsi longuement raconté son histoire lorsque son avocat lui en a donné l’occasion.

Aux prises avec d’importants problèmes de consommati­on de drogue, l’accusé a fait valoir qu’il suivait un programme de méthadone afin de tenter de se débarrasse­r d’une dépendance aux opiacés. Il a rapporté avoir eu à une certaine époque les « bras remplis de trous » en raison de la drogue qu’il s’injectait par intraveine­use.

DROIT CHEMIN

Il a également fait l’éloge de sa conjointe, enceinte de quatre mois, qui l’aide à revenir dans le droit chemin. Raphael Caron a même éclaté en sanglots lorsqu’il a évoqué la « honte » qu’il ressentait d’être en prison sans pouvoir être aux côtés de sa conjointe et de l’enfant à naître.

Il s’est dit motivé à retrouver un mode de vie sain et, pour ce faire, il a donc demandé au juge Christian Boulet de le libérer afin de faire une thérapie fermée pour le sortir définitive­ment de ses dépendance­s.

Après avoir patiemment écouté l’accusé, le juge est toutefois revenu sur les derniers crimes le menant en prison. Particuliè­rement sur celui du 7 juillet alors qu’il aurait de son propre chef approché un pur inconnu qui s’avérait être un policier en vacances.

« VANTARDISE »

Sans rien demander, Caron aurait raconté à ce policier comment il fraudait des entreprise­s en plus de lui offrir de la drogue en exhibant un sac contenant plusieurs « pilules blanches ».

Le juge Boulet a mis l’accent sur la « vantardise » de l’accusé pour faire valoir la forte probabilit­é que Raphael Caron commette à nouveau des crimes pendant sa liberté provisoire.

Comprenant qu’il ne pourrait retrouver sa conjointe de sitôt, l’attitude de l’accusé a rapidement changé : il a levé de ses mains menottées les deux majeurs en direction du juge. Christian Boulet n’a toutefois pas vu l’insulte à son endroit et Caron a pris le chemin des cellules escorté, en criant et en finissant par un « Je t’aime, bébé ».

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