Le Journal de Quebec

Dizaines de voyages en congé de maladie

Un policier de la Sûreté du Québec est accusé d’avoir fraudé son employeur pendant des années

- CLAUDIA BERTHIAUME Le procès se poursuit lundi.

Dubaï, France, Jamaïque, Italie, Aruba, Mexique : un policier de la Sûreté du Québec accusé d’avoir fraudé son employeur pour avoir été déclaré inapte au travail aurait fait près d’une trentaine de voyages durant son congé de maladie.

Nicolas Landry aurait fait au moins 28 voyages entre juillet 2009 et octobre 2014, selon un calcul du Journal sur la base d’une ligne du temps présentée au procès du policier, hier.

Un registre de l’agence des services frontalier­s du Canada, déposé au palais de justice de Montréal, fait plutôt état de 31 entrées au pays pendant la même période, par voie terrestre ou aérienne.

Landry serait notamment allé 10 fois en Floride, à 6 occasions au Mexique et à 2 reprises aux Émirats arabes unis.

DÉPRESSION MAJEURE

À l’époque, le sergent des crimes majeurs de la Sûreté du Québec (SQ) était en congé de maladie en raison d’une dépression majeure. Il n’est pas retourné au travail depuis. L’homme de 42 ans est maintenant accusé d’avoir fraudé son employeur pour plus de 5000 $, entre mai et novembre 2014. La théorie de la Couronne est que Landry aurait menti ou omis de mentionner des faits à ses médecins afin de demeurer en congé de maladie et ultimement être déclaré inapte au travail de façon permanente. Il aurait pu continuer à recevoir son plein salaire jusqu’à sa retraite, sans retravaill­er comme policier.

En 2014, à peine deux semaines après un voyage en France, Nicolas Landry aurait dit à un psychiatre chargé de l’évaluer que son état ne s’améliorait pas et « qu’il ne se sent pas du tout en mesure d’envisager de retourner [au travail] », lit-on dans un rapport médical remis au juge André Perreault, hier.

UN LITRE DE FORT PAR SEMAINE

Le sergent décrivait des symptômes tels que le manque de sommeil, de l’irritabili­té, une humeur maussade, du découragem­ent, un manque de concentrat­ion et une importante consommati­on d’alcool pouvant aller jusqu’à « un litre de fort [22 verres] par semaine ».

Le Dr Gérard Leblanc a d’ailleurs suggéré à son patient de réduire sa consommati­on d’alcool, car cela pouvait aggraver son état.

Pendant la même période, Nicolas Landry semblait toutefois s’impliquer activement dans la gestion d’agences de voyages détenues par son père et sa conjointe, a témoigné l’enquêteur François Berger hier.

Ce dernier a lu au tribunal des dizaines de courriels que Nicolas Landry aurait envoyés à des employés de plusieurs agences de la Rive-sud et à des partenaire­s d’affaires. Dans deux d’entre eux, il s’identifie comme « président » ou « propriétai­re », même si son nom ne figure pas au registre des entreprise­s.

Dans ces communicat­ions, il est notamment question de directives sur la façon de travailler, de promotions et de publicités.

D’après le registre téléphoniq­ue de l’accusé, il aurait communiqué plus souvent avec une employée d’une agence qu’avec sa conjointe, en 2013-2014.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? √ √ √ √√ √ √ Juin 2010 Mai 2013 Octobre 2013 Mars 2014 Avril-mai 2014 Octobre 2014 Octobre 2014 Le procès de Nicolas Landry doit durer un mois au palais de justice de Montréal.
PHOTO D’ARCHIVES √ √ √ √√ √ √ Juin 2010 Mai 2013 Octobre 2013 Mars 2014 Avril-mai 2014 Octobre 2014 Octobre 2014 Le procès de Nicolas Landry doit durer un mois au palais de justice de Montréal.
 ??  ?? FRANÇOIS BERGER Enquêteur SQ
FRANÇOIS BERGER Enquêteur SQ

Newspapers in French

Newspapers from Canada