Tous plus imprudents les uns que les autres au volant
L’inspecteur André Durocher du SPVM et la porte-parole du SPVQ Cyndi Paré ont commenté les différentes infractions routières observées par Le Journal.
Le Journal a constaté plus de 700 infractions sur les routes de Québec et Montréal
Le Journal a constaté de nombreux comportements téméraires, voire carrément dangereux, au cours des dernières semaines: un automobiliste effectuant un virage en U au beau milieu de la circulation, une voiture qui en coupe une autre sur le pont Pierre-laporte malgré une ligne continue et même un cycliste qui dévale la Grande-allée en brûlant trois arrêts obligatoires.
Au total, Le Journal a compilé pas moins de 703 infractions au cours de ce reportage, dont 154 à Québec en y circulant à peine une dizaine d’heures. Parmi les plus fréquentes inconduites routières figurent les excès de vitesse (412), le non-respect de la signalisation (77) et l’omission de signaler pour tourner ou changer de voie (71).
Les comportements observés sont souvent passibles d’amendes de plusieurs centaines de dollars et même de points d’inaptitude. Il suffit pourtant de prêter le moindrement attention autour de soi pour constater toute la latitude que s’arrogent les automobilistes.
« Il n’y a pas grand monde qui respecte le Code de la sécurité routière », juge Érick Abraham, ingénieur et chercheur au sein de l’équipe de Sécurité routière de l’école polytechnique de Montréal. Celle-ci effectue depuis 30 ans des travaux de recherche dans le but de réduire, entre autres, les pertes de vie et les blessures sur les routes.
DANGER D’ACCIDENT
L’expert en sécurité routière de la police de Montréal abonde dans le même sens. Durant ses 36 ans de carrière, André Durocher a été témoin d’une panoplie de manoeuvres très dangereuses.
« Il y a des gens qui manquent leur sortie sur l’autoroute et au lieu de continuer jusqu’à la prochaine sortie [pour revenir sur leurs pas], ils vont s’arrêter et reculer au risque de se tuer et de tuer du monde. C’est plein! »
La constable et porte-parole à la police de Québec, Cyndi Paré, tempère en affirmant que les conducteurs de la Capitale-nationale ne sont pas irréprochables, sans pour autant être la source de tous les maux.
« Certains respectent la signalisation, d’autres non. Ils s’exposent à des amendes, mais aussi à des conséquences plus graves selon moi, soit des accidents », déclare-t-elle.
HABITUDES RISQUÉES
Au-delà du comportement au volant, c’est l’activité dans l’habitacle qui guette parfois les conducteurs, que ce soit une distraction quelconque, le cellulaire… ou un animal.
« Même le chat couché à l’arrière. À 50 km/h, si on arrête brusquement, l’animal va voyager vers l’avant. Dans une auto, tout ce qui est objet devient un projectile au cours d’une collision », rappelle l’inspecteur André Durocher.
Reste que pour lui, le cellulaire au volant demeure un fléau, même si Le Journal n’a observé que quatre infractions en ce sens durant son expérience menée parallèlement à Montréal.
L’« interbloquage » est aussi une problématique récurrente. Il s’agit de cette manie trop répandue d’avancer dans une intersection malgré le manque d’espace devant, ce qui finit souvent par bloquer la route quand le feu passe au rouge. Le Journal a été témoin à maintes reprises de telles scènes.
« Les gens se disent : “Là, ça fait trois minutes que j’attends, le trafic n’avance pas”. Donc, ils pensent que ça va leur faciliter la tâche d’avancer », illustre M. Durocher.
—Avec la collaboration de martin chevalier