Quand l’avenir est dans la cordonnerie
Il est devenu entrepreneur en achetant une cordonnerie pour laquelle il mijote des projets d’expansion
En 2015, Benjamin Lacroix, 26 ans, est devenu propriétaire de la Cordonnerie Chez Gerry à Gatineau. Il venait d’apprendre que le commerce allait fermer non pas par manque de clientèle, mais en raison d’une demande trop forte.
À l’approche de la retraite, le propriétaire de l’époque voulait ralentir la cadence, lui qui opérait déjà une autre cordonnerie.
L’occasion était trop belle. Benjamin Lacroix n’a pas hésité à donner sa démission comme ferrailleur pour une entreprise de la région afin de devenir cordonnier.
UN RETOUR À SES ANCIENNES AMOURS
Le métier ne lui était pas étranger. Il a tout appris de la cordonnerie chez Chaussures régionales où il a travaillé à la fin de ses études secondaires.
« J’avais trouvé cet emploi qui devait m’aider à financer un voyage d’un an à Whistler, en Colombie-britannique, pour faire du skate et du snowboard avec trois de mes amis. Finalement, je suis resté à la cordonnerie pendant six ans », raconte Benjamin Lacroix.
Il a par la suite occupé différents emplois, dont celui de ferrailleur pendant deux ans. Puis est arrivée l’offre d’acheter la cordonnerie. Il faisait ainsi un retour à un métier qu’il aimait tout en devenant entrepreneur.
La famille l’a aidé à financer l’acquisition du commerce qu’il a administré seul au début. « Ça fait peur par moments, avouet-il. Heureusement, je pouvais demander conseil à des confrères cordonniers si j’étais embêté par une réparation. Il n’y a pas vraiment de compétition dans notre domaine vu que nous ne sommes pas nombreux. Il y a plutôt beaucoup d’entraide. »
EN VOIE D’EXPANSION
Il ne croit pas que le métier est en voie de disparaître, au contraire. « La demande est toujours là, même qu’elle s’accroît », dit celui qui a dû embaucher un autre cordonnier pour l’appuyer dans sa tâche.
Il avait aussi besoin de libérer du temps pour préparer une expansion avec un projet de commerce en ligne, The Klimb, spécialisé dans le ressemelage de chaussons d’escalade.
Il a développé cette expertise au hasard d’une demande d’une cliente. Grâce au bouche-à-oreille, sa réputation s’est vite établie. « Le domaine de l’escalade, c’est un petit monde », dit-il.
Comme il y a très peu de cordonniers qui ont ce savoir-faire – pour lequel il n’existe aucune formation –, il a eu l’idée d’offrir un service de réparation par le biais d’une plateforme web. Il pourra ainsi desservir la clientèle à la grandeur du Québec et même ailleurs.
Il est associé dans ce projet avec son cousin, Julien-charles Paradis, qui l’a aussi aidé au début à mettre en place une stratégie de marketing pour établir la nouvelle image de marque de la cordonnerie. Un troisième associé pourrait se joindre au duo. Le lancement de la plateforme est prévu d’ici la fin de l’année.
Benjamin Lacroix a plein d’autres projets en tête, dont celui de déménager sa cordonnerie afin de l’agrandir.
« Le fait d’avoir mon commerce m’a fait comprendre que je pouvais mettre en oeuvre mes idées. C’est emballant », dit-il.
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