Philippe Couillard dit non aux jeunes libéraux
Philippe Couillard dit non aux jeunes libéraux : il ne veut pas lier le financement des oeuvres artistiques à la représentation des minorités.
« Nous ne pensons pas que l’approche coercitive soit la meilleure dans le domaine de la création artistique. Il faut encourager le dialogue », a lancé Philippe Couillard, hier, lors du point de presse de clôture du congrès des jeunes libéraux.
En journée, les militants de l’aile jeunesse du parti ont adopté une proposition controversée qui recommande au gouvernement d’adopter « un processus d’octroi des subventions plus rigoureux » pour inciter les producteurs et scénaristes à faire plus de place aux communautés minoritaires et aux autochtones.
« UNIVERSELLE »
M. Couillard a rapidement fermé la porte. « Je résiste beaucoup à l’idée de l’état qui porte un jugement sur une oeuvre artistique. Si on fait du théâtre, par définition, on se met dans la peau de quelqu’un d’autre », a indiqué le premier ministre.
Il juge « tout à fait légitime » que tous les Québécois « voient leur reflet dans les créations artistiques ou dans les médias ». Il critique toutefois le concept d’appropriation culturelle et estime que la « création artistique est universelle ».
« À partir du moment où elle est sur la place publique comme oeuvre d’art, elle appartient à toute l’humanité. Une grande partie de la musique populaire vient du jazz et du blues, qui viennent de la souffrance des Noirs américains dans les champs de coton aux États-unis », a-t-il expliqué.
L’EXEMPLE DU BLUES ET DU JAZZ
« Mais le blues et le jazz sont devenus universels. À partir d’une souffrance effrayante qu’on peut attacher à un groupe d’humains, on a un cadeau pour l’ensemble de l’humanité. Et pour moi, c’est ça, l’essence même de la création artistique », a-t-il ajouté.
Il dit préférer la sensibilisation et l’engagement et croit que « ce qui est arrivé avec SLAV et Kanata », deux spectacles de Robert Lepage qui ont été annulés à la suite de controverses sur l’appropriation culturelle, a envoyé un message « très fort » au milieu culturel québécois.
« Je suis persuadé que, déjà, le milieu artistique prend conscience qu’il doit davantage refléter la réalité de la société », a-t-il ajouté.
Il croit en effet qu’il y a « eu une prise de conscience sur cette question ». « Il faut faire preuve d’empathie et faire l’exercice de comprendre pourquoi certains Québécois se sentent sous-représentés », a-t-il expliqué.
Il s’est opposé aux quotas en prenant exemple des journalistes présents au point de presse. « Devrais-je dire qu’il serait obligatoire pour les médias que vous êtes d’avoir une proportion X de personnes des communautés culturelles ? Peut-être que certaines le voudraient. Est-ce que ce serait bon pour la liberté de presse et la liberté d’expression ? Probablement pas », a conclu le premier ministre.