L’échec d’apuiat bloquerait d’autres projets nordiques
Couillard met en garde les opposants au projet éolien
Philippe Couillard a mis en garde quiconque s’oppose au projet éolien d’apuiat : son échec provoquerait une paralysie des projets nordiques.
« Si Hydro-québec veut avoir la moindre chance de faire quelque projet que ce soit dans le nord et aussi en territoire innu, notamment pour des lignes de transport ou d’autres projets, il faut absolument qu’ils démontrent au peuple innu qu’ils sont capables de partager la richesse », a lancé le premier ministre hier en marge du congrès des jeunes libéraux qui a lieu dans la métropole.
BRAS DE FER
Le gouvernement Couillard est dans un bras de fer avec Hydro-québec au sujet du projet éolien d’apuiat, sur la Côte-nord. Selon le PDG de la société d’état, Éric Martel, le contrat d’achat d’électricité de ce parc éolien, d’une durée de 25 ans, lui occasionnerait des pertes estimées entre 1,5 G$ et 2 G$, a révélé Le Journal cette semaine.
L’énergie serait produite par une coentreprise formée par Boralex, RES et les communautés innues. Toujours selon Hydro-québec, ce contrat serait désavantageux pour eux. Dans un communiqué publié le 9 août à la suite de pressions du gouvernement, la société d’état soutient toutefois qu’une solution « gagnant-gagnant » serait possible. Philippe Couillard et le ministre de l’énergie Pierre Moreau ont tour à tour répliqué. « C’est un projet indispensable pour le Québec. C’est tellement stratégique, il ne faut pas laisser cette chance passer. Le projet doit absolument se réaliser, et il doit être gagnant pour les Innus », a indiqué M. Couillard.
Celui-ci rappelle que ce parc éolien de 200 mégawatts était prévu dans le cadre de la stratégie énergétique 20062015 et fait partie d’un plus gros bloc de 4000 mégawatts. « Il faut le faire. Ces 200 mégawatts étaient prévus pour les Premières Nations. Il faut absolument qu’elles obtiennent leur part », a-t-il indiqué.
TERRITOIRES REVENDIQUÉS
Pierre Moreau a ajouté que la haute direction de la société d’état doit tenir compte du fait que « 90 % de ses activités et de ses investissements sont sur des territoires revendiqués, et que la qualité des relations entre le gouvernement, Hydro-québec et les nations autochtones doivent être au mieux ».
Pierre Moreau a déploré que des détails des négociations aient été rendus publics. MM. Moreau et Couillard n’ont pas affirmé que ce contrat serait rentable pour la société d’état, mais le ministre de l’énergie croit qu’il n’aura pas d’impact sur la facture d’électricité des Québécois.
Dans un rapport, la vérificatrice générale du Québec a pourtant indiqué que l’aventure éolienne coûte cher à Hydro-québec : 2,5 G$ sur huit ans. « Le montant a été récupéré dans les tarifs d’électricité », a-t-elle indiqué. M. Moreau nie ce constat.