Le Journal de Quebec

Des Hells Angels accordent une rare entrevue aux médias

Motards et policiers se sont nargués lors d’un rassemblem­ent hier

- FÉLIX SÉGUIN ET AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Les Hells et les forces de l’ordre ont intensifié leur guerre de mots, hier, à l’occasion du rassemblem­ent national de centaines de motards réunis ce week-end en Montérégie.

« C’est une fête, c’est un party, c’est le Noël des Hells Angels. Il n’y a rien de criminel, là », a dit Frédérick Landry-hétu, membre influent des Hells Angels.

Depuis jeudi, ce rassemblem­ent annuel des motards, appelé Canada Run, se déroule à leur local de Saint-charles-sur-richelieu sous une étroite surveillan­ce policière.

Depuis l’arrivée des Hells, plus de 300 constats d’infraction ont été distribués. Un Hells Angels de l’ontario a également été arrêté pour des menaces proférées envers une policière vendredi.

L’événement est considéré comme une façon de « narguer » les forces de l’ordre, a affirmé l’inspecteur Guy Lapointe de la Sûreté du Québec (SQ) en entrevue avec Le Journal.

« Oui, c’est vrai que beaucoup de nos membres ont des dossiers criminels. Mais réduire ça à un rassemblem­ent criminel, ce n’est pas vrai », s’est défendu Éric Bouffard, un Hells Angels de la division South.

Avec deux autres membres influents, Frédéric Landry-hétu et Guy Dubé, il a accepté de répondre, en personne, à certaines questions de notre Bureau d’enquête en marge du Canada Run.

MENACES DE MORT

Lors de l’entretien, les trois membres des Hells se sont distancés des menaces de mort dont auraient fait l’objet le porte-parole de la SQ en matière de crime organisé et son célèbre père, l’ancien défenseur du Canadien Guy Lapointe.

Le 21 juillet, Le Journal révélait qu’une lettre avait été envoyée au quartier général du corps de police provincial­e et ciblait spécifique­ment le haut gradé et son père.

Selon nos informatio­ns, les propos étaient « sans équivoque » et des mesures de sécurité avaient été prises. L’enquête lancée rapidement semble pointer vers les Hells Angels ou leurs sympathisa­nts.

« J’aimerais bien savoir qui a écrit cette lettre-là. C’est un geste ridicule qui vise deux personnes qui n’ont pas à être visées », a affirmé Éric Bouffard.

Puisque l’enquête le concerne directemen­t, Guy Lapointe n’a pas souhaité commenter.

Nos informatio­ns indiquent néanmoins que les policiers travaillen­t toujours très activement sur le dossier.

Les trois membres des Hells interviewé­s par Le Journal avaient tous été arrêtés et accusés dans la foulée de l’opération Sharqc, qui devait décimer les Hells au Québec.

LIBRES

Ils sont maintenant tous en liberté après avoir plaidé coupable et négocié des peines réduites en raison de la lenteur des procédures.

« Nous sommes contents de voir qu’ils s’expriment aujourd’hui, a mentionné l’inspecteur Guy Lapointe de la Sûreté du Québec. Mais on aurait aimé aussi qu’ils réagissent après objection. »

En avril dernier, les policiers avaient arrêté plus de 60 personnes dans cette opération en lien avec un vaste réseau de trafic de stupéfiant­s contrôlé par les Hells Angels. Le repaire qui accueille présenteme­nt le rassemblem­ent national avait d’ailleurs été perquisiti­onné.

 ??  ?? Éric Bouffard, Frédéric Landry-hétu et Guy Dubé, trois Hells Angels de la division South, lors de la rencontre avec notre équipe près de la traverse à Saint-charles-sur-richelieu. En mortaise, le policier Guy Lapointe a réagi devant cette rare entrevue des motards. PHOTOS AXEL MARCHAND-LAMOTHE ET AGENCE QMI, DARIO AYALA
Éric Bouffard, Frédéric Landry-hétu et Guy Dubé, trois Hells Angels de la division South, lors de la rencontre avec notre équipe près de la traverse à Saint-charles-sur-richelieu. En mortaise, le policier Guy Lapointe a réagi devant cette rare entrevue des motards. PHOTOS AXEL MARCHAND-LAMOTHE ET AGENCE QMI, DARIO AYALA
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