VERS UN RECORD DE FEMMES CANDIDATES
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Si la tendance se maintient, jamais il n’y aura eu autant de candidates dans l’histoire du Québec que lors du scrutin de 2018. Et le 1er octobre pourrait voir l’élection d’un nombre record de femmes.
C’est ce qui se dégage d’une compilation réalisée par notre Bureau d’enquête à partir des 377 candidatures sur 500 déjà annoncées par les quatre partis représentés à l’assemblée nationale.
En date du 10 août, près d’un candidat sur deux (45 %) est une femme.
Puisque les partis ont jusqu’au 15 septembre pour boucler leur liste de candidats dans les 125 circonscriptions, le portrait général évoluera d’ici là.
CAMPAGNE PARITAIRE
Les quatre partis se sont donné la mission d’atteindre une « zone paritaire », c’est-à-dire au moins 40 % de candidates. À moins de deux mois du scrutin, ils sont en bonne position de l’atteindre.
Seul le Parti québécois est en retard, avec 37 % de candidates au moment d’écrire ces lignes. Il est d’ailleurs, pour le moment, le seul parti à ne pas avoir amélioré sa fiche par rapport au scrutin de 2014, où la formation alors dirigée par Pauline Marois avait présenté la même proportion de femmes.
Si Québec Solidaire mène le bal en matière de parité, le parti qui se définit comme féministe est à 53 % de candidates. Depuis 2007, il présente autant de femmes que d’hommes à chaque scrutin.
La remontée la plus spectaculaire revient à la CAQ avec 48 % de ses candidats actuels qui sont des femmes. Lors des deux dernières campagnes, en 2012 et en 2014, le parti de François Legault n’avait réussi à recruter que 23 % et 21 % de candidates, faisant de lui le dernier de classe.
« FÉMINISATION »
« La féminisation de la CAQ saute aux yeux », a réagi Manon Tremblay, auteure du livre 100 Questions About Women in Politics qui paraîtra cet automne.
En 2014, M. Legault n’avait pas osé s’engager à nommer un gouvernement paritaire s’il prenait le pouvoir et avait déclaré que la compétence devait primer dans le choix des candidats.
Son changement de cap à cet égard semble lui profiter. « La dernière remontée de la CAQ dans les sondages montre que l’appui des femmes a rejoint celui des hommes, souligne Eric Montigny, professeur de science politique à l’université Laval. Est-ce que c’est l’effort perçu de la CAQ de recruter davantage de femmes? C’est possible. »
Finalement, avec ses 42 % de candidates, le PLQ fait beaucoup mieux que son 28 % de 2014, mais demeure pour l’instant troisième en cette matière.
LA CAQ AVANTAGÉE ?
Pour atteindre la parité dans les candidatures, la CAQ pourrait être avantagée par le fait qu’elle est le seul parti à ne pas tenir de course à l’investiture dans ses circonscriptions. Tous les candidats sont choisis par le chef.
« Les études démontrent toujours que les investitures sont souvent déterminées par le “old boys network” », souligne Mme Tremblay. Et au final, c’est la volonté du chef qui a le plus d’influence. Québec Solidaire parvient tout de même à proposer la parité, même avec des courses aux investitures.
PAS SACRIFIÉES
L’analyse des candidatures montre aussi que les femmes ne sont pas nécessairement envoyées à l’abattoir dans des circonscriptions qu’elles n’ont pas de chance de remporter. C’est pourtant le sort souvent réservé aux candidates lors des élections fédérales, selon une étude des universitaires Melanee Thomas de l’u. de Calgary et de Marc André Bodet de l’u. Laval réalisée en 2012.
Au Québec, cette théorie ne se vérifie pas. Seulement 36 % des candidats qui se présentent dans des circonscriptions perdues d’avance (le château fort d’un adversaire) sont des femmes.