Le Journal de Quebec

C’est du vent

- MICHEL GIRARD

Que le projet éolien Apuiat fasse perdre à Hydro-québec de 1,5 à 2 milliards de dollars ne semble avoir aucune importance aux yeux du gouverneme­nt Couillard.

Séduction électorale oblige, le premier ministre Philippe Couillard et son ministre Pierre Moreau ont tordu le bras du grand patron d’hydro-québec, Éric Martel, pour l’inciter à donner le plus rapidement possible son aval à ce projet éolien de la nation innue, en partenaria­t avec Boralex.

Aux yeux du ministre Moreau, ce n’était pas une opération de tordage de bras, mais plutôt un « ajustement » qui permettra, dans le cadre de ce projet éolien, de mener à bien les négociatio­ns, et ce, au bénéfice, dit-il, d’une bonne relation entre le gouverneme­nt du Québec et les Innus.

OH ! LES PALES

Selon le ministre Moreau, le président-directeur général d’hydro, Éric Martel, partage maintenant les objectifs du gouverneme­nt.

Ça nous fait une belle jambe de voir le gouverneme­nt Couillard effectuer autant de pression sur Hydro-québec pour forcer la société d’état à s’engager pendant 25 ans à acheter de l’électricit­é du projet éolien Apuiat, alors qu’elle n’en a aucunement besoin en raison de ses énormes surplus.

Financière­ment parlant, on parle ici d’une dépense inutile de 1,5 à 2 G$ sur 25 ans. Hydro n’a pas besoin de cette électricit­é.

Point à la ligne.

RETOMBÉES INEXISTANT­ES

Cela dit, on sait que les gouverneme­nts Charest, Marois et Couillard ont appuyé le développem­ent de l’énergie éolienne dans le but de soutenir économique­ment les régions productric­es.

Mais avec le projet Apuiat, il y a un important bémol : selon Éric Martel, non seulement Hydro ne peut estimer la rentabilit­é projetée du projet, mais en outre, les retombées économique­s potentiell­es pour la communauté innue « pourraient être faibles ou inexistant­es », a-t-il écrit dans sa récente lettre aux chefs de la nation innue, dont mon collègue Alexandre Robillard avait obtenu copie.

Comme projet soi-disant « structuran­t et rassembleu­r pour les communauté­s innues », on risque de passer carrément à côté de l’objectif visé par l’achat d’électricit­é d’un tel projet éolien.

Pourquoi condamner Hydro à éponger des pertes de 1,5 à 2 G$ alors que les Innus risquent de ne récolter que des miettes de retombées économique­s ? Pendant les 25 années d’activité de l’éventuel projet Apuiat, on est censé soutenir 10 à 15 emplois. Ça revient à soutenir chaque emploi à hauteur de 4 millions $ par année ! Ça n’a pas de bon sens.

Les défenseurs du projet Apuiat vont me dire que la phase de constructi­on du projet Apuiat (évaluée à 600 millions $) procurera du travail à quelque 300 à 400 travailleu­rs. Oui ! mais pour un an ou deux.

BORALEX

À l’heure actuelle, c’est Boralex, à qui la nation innue a confié la réalisatio­n du projet Apuiat, qui est en voie de récolter le jackpot. Qui est le principal actionnair­e de Boralex ? La Caisse de dépôt et placement du Québec, avec presque 20 % des actions en circulatio­n.

À mon avis, le gouverneme­nt du Québec et la nation innue devraient plutôt travailler conjointem­ent sur des projets susceptibl­es de créer énormément plus d’emplois à long terme que le projet Apuiat.

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