Le Journal de Quebec

Olivier Dufour est en faillite

Il s’agissait de la seule option possible, dit celui qui vit un épisode de surmenage

- KATHRYNE LAMONTAGNE

Surmené, le réputé créateur Olivier Dufour a été forcé de déclarer la faillite de son entreprise, Dufour - Maison de création, fondée à Québec il y a 18 ans.

La boîte multimédia, que l’on connaît notamment à Québec pour Le Chemin qui marche et Le Mur du son, a été mise en faillite le 1er août dernier.

Ses dettes s’élèvent à près de 640 000 $, selon le bilan effectué par la firme Raymond Chabot. Olivier Dufour figure lui-même dans la liste des plus importants créanciers.

Pour le fondateur, président et concepteur principal de l’entreprise, c’est le choc. Rien ne le destinait à prendre cette voie, soutient-il en entrevue avec Le Journal.

« Des tempêtes, on en a eu. Et je me suis dit que jamais je n’abandonner­ai. Jamais je ne ferai faillite. Parce que ce n’est pas une entreprise. C’est moi. Abandonner ça, c’était abandonner une partie de qui je suis. »

La vie en a toutefois décidé autrement. Le rythme effréné de ses ambitions profession­nelles a eu raison de sa santé, au cours des derniers mois.

« Je n’ai pas pris le temps de m’arrêter », reconnaît-il aujourd’hui.

DÉVELOPPER L’ASIE

Installée dans la capitale en 2000, Dufour – Maison de création s’est spécialisé­e durant des années dans la réalisatio­n de spectacles pour divers clients.

En 2015, la boîte s’est mise à développer ses propres production­s qu’elle souhaitait exporter à l’échelle internatio­nale, sans avoir recours aux subvention­s.

L’asie a été ciblée. Et Olivier Dufour s’est mis à voyager, « tous les mois, des fois, deux fois par mois », pour présenter ses concepts et tenter de trouver des partenaire­s.

L’expérience a été épuisante, concède-til. Le producteur affirme avoir notamment sous-estimé le temps qu’il fallait avant de conclure officielle­ment des ententes, qui auraient pu être extrêmemen­t bénéfiques pour l’entreprise.

En mai, Olivier Dufour éprouve de la difficulté à respirer. « Je pensais que j’avais chopé un virus », lance-t-il.

L’homme de 45 ans se soumet à une batterie de tests, à l’issue desquels son médecin conclut à… un épuisement.

« AU BOUT DU ROULEAU »

« Ma doc m’a dit : “Olivier, tu es au bout du rouleau. Tu ne t’en rends pas compte, parce que tu es habitué. Mais c’est sévère, c’est avancé” », relate-t-il.

Le créateur accepte difficilem­ent le diagnostic. « Ça ne se pouvait pas. Ça fait longtemps que je fais ce métier-là, je suis capable d’en prendre », plaide-t-il.

Mais son état le rattrape. « Ça a dégénéré. Ça a empiré beaucoup. Mes défenses et mon adrénaline sont tombées », confie-t-il en soupirant.

Olivier Dufour a dû entendre raison. La compagnie a remercié des employés et a rencontré ses créanciers. Les négociatio­ns en cours avec l’asie ont été suspendues. Et la faillite a été déclarée.

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 ?? PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Malgré l’épreuve qu’il traverse, Olivier Dufour a bon espoir de pouvoir rebondir. « C’est comme si j’étais en train de vivre un gros deuil. Mais depuis deux ou trois jours, je suis capable d’imaginer qu’il y aura quelque chose après », dit-il.
PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Malgré l’épreuve qu’il traverse, Olivier Dufour a bon espoir de pouvoir rebondir. « C’est comme si j’étais en train de vivre un gros deuil. Mais depuis deux ou trois jours, je suis capable d’imaginer qu’il y aura quelque chose après », dit-il.

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