Attaquée à coups de marteau
Une ado agressée veut lancer un message aux jeunes victimes d’intimidation
Une adolescente de 15 ans a cru qu’elle allait mourir mercredi soir dernier, quand une jeune fille de 17 ans qu’elle craignait depuis un certain temps l’a attaquée avec un marteau, à Limoilou.
« Quand j’ai vu qu’elle a visé ma tête, je me suis dit : ça y est, c’est ce soir que je meurs. J’ai vu ma vie défiler », confie Arley-ann Jenkins-verret.
L’adolescente écoutait de la musique vers 20 h 30 avec trois amies, tout juste à l’entrée extérieure du Centre communautaire Ferland, lorsque la suspecte s’est tout à coup présentée, accompagnée d’une connaissance commune.
Une histoire de jalousie impliquant un garçon serait au coeur de l’incident.
« Quand elle m’a vue, elle a commencé à accélérer le pas. Elle a sorti son marteau d’en dessous de sa ceinture pis elle s’est approchée, et a levé le marteau », relate Arley-ann.
Sous l’effet de l’adrénaline, elle ne se rappelle pas, comme ses amies le lui rapportent, avoir alors empoigné la jeune fille au collet, en la sommant d’arrêter.
« Elle s’en allait frapper, mais elle visait ma tête avec les dents du marteau. J’ai juste eu le temps de me tasser et de lever mon genou, pis ça a frappé mon genou. […] Si je ne m’étais pas tassée, je ne serais pas là. C’est sûr que j’aurais mangé le coup sur la tête. »
Arley-ann s’est effondrée au sol. Au même moment, la suspecte aurait aussi été menaçante avec son marteau envers ses amies, en plus de leur proférer des menaces de mort.
ARRESTATION
« Quand j’ai levé la tête, on s’est regardées dans les yeux pis elle m’a dit : “La prochaine fois que je te croise, je te tue” », se rappelle l’adolescente, qui a subi une blessure qui a nécessité trois points de suture. « C’était vraiment profond, ça continue dans la cuisse », mentionne-t-elle.
La suspecte, qui a pris la fuite avant l’arrivée des policiers, a été arrêtée le lendemain et libérée sous promesse de comparaître.
Elle pourrait faire face à des accusations d’agression armée, de voies de fait causant des lésions et de menaces de mort. Il lui est interdit d’entrer en contact avec Arley-ann et ses amies.
Si l’adolescente a souhaité dénoncer publiquement l’agression, c’est pour lancer un message.
Elle explique qu’elle se méfiait depuis quelques mois de la suspecte, « très intimidante », qui l’avait récemment invectivée sur les réseaux sociaux.
Son père avait d’ailleurs servi un avertissement écrit à celle-ci, l’exhortant à cesser cette cyberintimidation.
ELLE A DÉJÀ SONGÉ AU SUICIDE
« C’était de trop [ce geste-là], dit Arley-ann. Il y a des jeunes qui se font intimider pis que ça mène au suicide : ben moi, je me suis déjà fait intimider pis j’ai déjà pensé à me tuer l’année passée, laisse-t-elle tomber. Je pense que c’est important de passer le message aux jeunes que c’est important de parler aux parents. Et que ce n’est pas parce que les enfants ont l’air à bien aller qu’ils vont bien. »
Son père espère que son témoignage pourra aider d’autres adolescents. « C’est déplorable ce qui est arrivé. C’est très gratuit. […] Il ne faut pas avoir peur de parler et de dénoncer », soutient Danny Jenkins, qui tient à remercier les policiers et les personnes qui ont porté secours aux jeunes filles.
« DANS MA TÊTE, C’ÉTAIT SÛR À 100 % QUE JE MOURAIS. J’AI EU PEUR, J’AI VRAIMENT EU PEUR. » — ARLEY-ANN JENKINS-VERRET