Contrat de 900 000 $ accordé sans concurrence
Le DGEQ affirme que Bell Canada est la seule qui pouvait offrir des services de téléphone et d’internet
Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) a octroyé un contrat de gré à gré de près d’un million de dollars à Bell Canada pour équiper les bureaux des directeurs de scrutin en téléphone et en internet en vue de l’élection d’octobre.
Le DGEQ a passé outre le processus normal d’appel d’offres pour octroyer directement le contrat de 900 000 $ au géant canadien des télécommunications.
Cette décision a été motivée par « la possibilité de démontrer qu’un appel d’offres public ne servirait pas l’intérêt public », peut-on lire dans l’avis publié dans le système électronique d’appel d’offres du gouvernement.
Malgré la présence d’autres gros joueurs de l’industrie comme Rogers, Telus ou Vidéotron, avec qui le gouvernement fait déjà affaire pour des mandats semblables, Québec assure que Bell est la seule compagnie pouvant accomplir le travail.
« LES CROIRE SUR PAROLE »
« Au moment où l’élection est déclenchée […], le fournisseur doit être en mesure de se revirer de bord en moins de 48 heures pour brancher tout le monde. Bell était le seul qui pouvait assurer ce service », spécifie Ahissia Ahua, porte-parole de l’organisme gouvernemental.
Outré par cette réponse, le député péquiste Alain Therrien n’accepte pas que le DGEQ ait outrepassé le processus habituel. D’autant plus que les élections à date fixe devaient permettre « de rendre le processus plus efficace et moins onéreux ».
« S’ils disent qu’il n’y a pas de concurrence possible, surtout qu’on savait que l’élection arrivait, qu’ils fassent un appel d’offres longtemps d’avance pour nous le prouver. […] Parce que, là, il faut les croire sur parole et moi, je n’aime pas ça, surtout quand c’est l’argent des contribuables qui est utilisé », lance le député de Sanguinet.
DES DOUTES
Aucun des grands concurrents de Bell Canada n’a accepté de commenter le dossier. Une source à l’interne chez l’un des grands joueurs en télécommunications a toutefois confié au Journal que le contrat a bel et bien fait sourciller.
D’autre part, l’absence d’appel d’offres ne permet d’aucune façon de s’assurer que Québec a obtenu le meilleur prix possible. Une possibilité qui fait rager Alain Therrien.
« Ça n’a pas de bon sens. Est-ce qu’on aurait pu le faire pour moins cher ? Bell est arrivé et a donné un prix ? On ne peut pas se contenter de ça », souligne le député.
De son côté, le Directeur général des élections se défend d’avoir priorisé Bell Canada dans ce dossier et indique que même s’il n’y a pas eu d’appel d’offres officiel, une consultation a eu lieu.
« Des équipes du directeur ont fait part des besoins à différents fournisseurs de services, nous avons contacté des entreprises de télécommunications. Mais comme c’était des besoins très particuliers, c’est là que la conclusion est venue que Bell pouvait fournir à tout le monde partout au Québec le téléphone et l’internet », précise Mme Ahua.