Querelle préélectorale sur les dépenses parlementaires
Un candidat péquiste accuse son adversaire libéral d’avoir financé une collecte de données d’électeurs à même les fonds de l’assemblée nationale.
Par exemple, le libéral Saul Polo, député de Laval-des-rapides, a mis sur pied un site internet pour sauver un boisé du coin. Avec l’aide d’appels automatisés, il invite les gens à se rendre sur son site pour signer une lettre d’appui au boisé, qui est ensuite envoyée au maire de Laval. Pour ce faire, le citoyen doit inscrire son nom, son code postal et son numéro de cellulaire.
Coût de l’opération : 5160 $, selon les informations fournies par le PLQ. Le tout a été préautorisé par l’assemblée nationale. Ce sont donc les Québécois qui régleront la note.
L’HEURE DES « BILANS »
L’assemblée nationale rembourse toute publication reliée au travail de député, mais refuse de défrayer les coûts pour les communications partisanes.
Mais, avec les élections à date fixe, il peut devenir tentant pour les députés de faire part de leur bilan aux électeurs.
« Ce qui me fatigue est que, manifestement, il y a des fonds publics qui ont été utilisés pour amasser des données pour la campagne électorale », dénonce Jocelyn Caron, candidat péquiste dans cette circonscription, qui ne croit pas à la coïncidence dans cette collecte de données à quelques semaines d’un scrutin.
Joint par notre Bureau d’enquête, M. Polo jure toutefois que les informations ne serviront pas à engraisser les banques de données du PLQ, mais simplement à faire un suivi auprès des gens concernant l’avenir du boisé.
« Il faut que l’assemblée nationale se penche sur ça, insiste M. Caron. Et surtout qu’elle ne fournisse pas de fonds publics pour amasser des données sur les gens. »
D’AUTRES CAS
La semaine dernière, le whip de la Coalition Avenir Québec, Donald Martel, dénonçait un dossier de 12 pages qui dressait le bilan de ses députés de la Mauricie dans Le Nouvelliste.
« Combien a coûté aux contribuables québécois cette autopromotion avec, à peine dissimulées, les couleurs du parti libéral ? », écrivait-il sur Twitter.
Le cabinet du whip du PLQ avait alors confirmé au Journal que les cinq députés libéraux enverraient une facture de 10 000 $ à l’assemblée nationale.
De son côté, la députée caquiste Geneviève Guilbault a fait distribuer dans sa circonscription un feuillet de deux pages composé de photos d’elle, notamment dans un CPE ou lors d’une leçon de tissage.
Or la CAQ a refusé de dire combien avait coûté ce feuillet aux contribuables. L’attaché Guillaume Simard Leduc a affirmé que si tous les autres partis dévoilaient les coûts de l’ensemble de leurs publicités préautorisées, la CAQ le ferait à son tour.