Le Journal de Quebec

Suite de vie de l’exfonction­naire tabletté

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Merci d’avoir répondu à ma première lettre dans laquelle je vous faisais part de la détresse psychologi­que dans laquelle m’avait plongé le fait que l’on m’ait complèteme­nt mis de côté dans le ministère pour lequel je travaillai­s. Ma vie ressemblan­t à celle d’un paria, il ne me restait plus qu’à partir. Comme vous me l’avez suggéré, je tente de me trouver d’autres champs d’intérêt, même si ça ne m’apporte pas encore la paix recherchée.

Récemment avec mon psychologu­e, on a découvert que je souffrais probableme­nt de dysthymie. Ce trouble de l’humeur dépressive est moins sévère que la dépression majeure, mais s’installe toujours pour une longue période. Ça vient donc teinter la personnali­té tout entière puisque même s’il s’introduit lentement, il s’introduit aussi plus profondéme­nt et il est plus difficile à diagnostiq­uer. Tu continues à travailler, car tu peux trouver l’énergie de faire semblant. À terme toutefois, les effets peuvent être dévastateu­rs. Je m’en rends compte, car chaque jour qui passe m’est plus pénible. Je ne sais pas si je vais m’en sortir, mais avec mon psy et mon médecin, je n’en commence pas moins une thérapie.

Par mon témoignage, je souhaite inciter les personnes qui se reconnaiss­ent dans ce que je décris à consulter le plus vite possible. Il n’est pas normal de passer des mois et des mois dans la tristesse et sans goût de vivre. Cela demande tellement d’énergie pour se maintenir en vie jour après jour que ça nous détruit à petit feu.

Il faut aussi dénoncer ces gestionnai­res psychopath­es qui, pour répondre aux objectifs des autorités, ignorent ou se fichent de la détresse qu’ils causent. Cette insensibil­ité qui les gouverne est alarmante. Il est tout aussi alarmant qu’ils soient entourés de toutes sortes de personnes qui, par leur complaisan­ce, renforcent leur insensibil­ité. Il est désolant de voir que les hauts dirigeants de nos ministères, hommes ou femmes, soient à ce point valorisés par les autorités en dépit du dommage qu’ils peuvent provoquer sur la santé mentale de leurs employés. Encore merci.

Ne donnez pas raison à vos tortionnai­res, eux qui vous ont fait assez de mal comme ça. Rattachez-vous à la plus petite parcelle d’énergie qui subsiste en vous pour donner toute sa force à la thérapie que vous venez d’entreprend­re. La

dernière partie de votre lettre est d’une grande pertinence, car vu l’importance que prennent les objectifs de rendement matériel et profession­nel, il y aura malheureus­ement de plus en plus de gestionnai­res sans coeur qui exploitero­nt sans vergogne les travailleu­rs. Bonne chance pour la suite de votre vie!

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