On tente de noyer le poisson
Le gouvernement libéral s’est acquitté de sa figure imposée.
À neuf jours du déclenchement des élections, mais deux mois après l’échéance initialement prévue, la ministre Véronyque Tremblay a dévoilé les faits saillants des études amorcées sur le 3e lien. Une présentation qui fut convoquée en catastrophe, selon un Gilles Lehouillier fâché de sortir de ses vacances, mais étonnamment léchée et grandiose pour le peu qu’on avait à dire.
La première conclusion qu’on peut tirer de cette annonce, c’est qu’en fixant le début des travaux en 2026, on indique sur quel angle on souhaitera débattre avec la CAQ pendant la campagne. Aux Éric Caire qui prédisent une première pelletée de terre en 2022, on opposera la crédibilité d’un parti aux affaires depuis 15 ans.
Malheureusement pour les libéraux, les électeurs qui réclament un 3e lien préféreront l’option qui le leur promet « vite, vite » plutôt que celle qui le fera seulement « vite ».
NOYER LE POISSON
Une autre raison poussera les militants du 3e lien à se montrer suspicieux à l’endroit du gouvernement. Les cinq scénarios évoqués dans un contexte où seul le trajet de l’est trouve grâce à leurs yeux apparaîtront comme une énième tentative de noyer le poisson.
Depuis le début de ce débat, les libéraux jurent qu’ils sont tellement pour le 3e lien... mais à condition que ça ne coûte pas trop cher... mais à condition que ça ne brise pas le paysage... mais, mais, mais...
Les éléments présentés ne convainquent pas que le gouvernement a une volonté ferme.
EST-CE DÉCIDÉ ?
Il y a aussi un aspect qui a été éludé, soit de savoir si la pertinence du 3e lien a été établie.
Jusqu’ici, aucune instance crédible n’a prouvé qu’un tel investissement aurait un impact durable sur la circulation. Personne n’a chiffré les coûts financiers, environnementaux et sociaux de l’étalement urbain. Surtout, personne n’a encore démontré que nous en avions réellement besoin.
Particulièrement lorsque l’enjeu rapidement expédié hier de la tête des ponts, ce spaghetti de bretelles d’autoroutes qui empirent la congestion, est évité par tous les politiciens depuis quatre ans.
Bref, le gouvernement élude le sixième scénario, celui qui arrivera probablement, c’est-à-dire décider de ne pas construire.
En faisant comme si cette possibilité n’existait pas, on aura déplu à ceux qui sont contre un tel projet sans pour autant convaincre ceux qui y tiennent.