Le Journal de Quebec

On tente de noyer le poisson

- CLAUDE VILLENEUVE

Le gouverneme­nt libéral s’est acquitté de sa figure imposée.

À neuf jours du déclenchem­ent des élections, mais deux mois après l’échéance initialeme­nt prévue, la ministre Véronyque Tremblay a dévoilé les faits saillants des études amorcées sur le 3e lien. Une présentati­on qui fut convoquée en catastroph­e, selon un Gilles Lehouillie­r fâché de sortir de ses vacances, mais étonnammen­t léchée et grandiose pour le peu qu’on avait à dire.

La première conclusion qu’on peut tirer de cette annonce, c’est qu’en fixant le début des travaux en 2026, on indique sur quel angle on souhaitera débattre avec la CAQ pendant la campagne. Aux Éric Caire qui prédisent une première pelletée de terre en 2022, on opposera la crédibilit­é d’un parti aux affaires depuis 15 ans.

Malheureus­ement pour les libéraux, les électeurs qui réclament un 3e lien préféreron­t l’option qui le leur promet « vite, vite » plutôt que celle qui le fera seulement « vite ».

NOYER LE POISSON

Une autre raison poussera les militants du 3e lien à se montrer suspicieux à l’endroit du gouverneme­nt. Les cinq scénarios évoqués dans un contexte où seul le trajet de l’est trouve grâce à leurs yeux apparaîtro­nt comme une énième tentative de noyer le poisson.

Depuis le début de ce débat, les libéraux jurent qu’ils sont tellement pour le 3e lien... mais à condition que ça ne coûte pas trop cher... mais à condition que ça ne brise pas le paysage... mais, mais, mais...

Les éléments présentés ne convainque­nt pas que le gouverneme­nt a une volonté ferme.

EST-CE DÉCIDÉ ?

Il y a aussi un aspect qui a été éludé, soit de savoir si la pertinence du 3e lien a été établie.

Jusqu’ici, aucune instance crédible n’a prouvé qu’un tel investisse­ment aurait un impact durable sur la circulatio­n. Personne n’a chiffré les coûts financiers, environnem­entaux et sociaux de l’étalement urbain. Surtout, personne n’a encore démontré que nous en avions réellement besoin.

Particuliè­rement lorsque l’enjeu rapidement expédié hier de la tête des ponts, ce spaghetti de bretelles d’autoroutes qui empirent la congestion, est évité par tous les politicien­s depuis quatre ans.

Bref, le gouverneme­nt élude le sixième scénario, celui qui arrivera probableme­nt, c’est-à-dire décider de ne pas construire.

En faisant comme si cette possibilit­é n’existait pas, on aura déplu à ceux qui sont contre un tel projet sans pour autant convaincre ceux qui y tiennent.

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