Le Journal de Quebec

Le gestionnai­re aguerri

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

« Gestionnai­re aguerri et leader chevronné », voici des qualités qui faisaient d’éric Martel la « personne toute désignée » pour prendre les commandes d’hydro-québec. En ces jours de controvers­es, je ne fais que citer le communiqué de presse de juin 2015 dans lequel le gouverneme­nt Couillard annonçait la nomination du nouveau PDG d’hydro-québec.

Je l’ai déjà écrit et je continue de penser qu’il s’agit de l’une des meilleures nomination­s de Philippe Couillard. Un patron pour Hydro-québec issu du monde des affaires, qui gère avec rigueur et méthode. Martel n’avait pas d’affiliatio­n politique ni d’expérience politique. Mais les grandes organisati­ons, il connaissai­t cela.

Hydro-québec a beau être une société d’état, elle demeure une gigantesqu­e compagnie qui gère des installati­ons et des opérations immenses, complexes et où travaillen­t des milliers d’employés. Pas mal gros pour nommer quelqu’un qu’on récompense politiquem­ent. La nomination de Martel était saine.

Je sais de source sûre qu’éric Martel avait obtenu l’assurance qu’il aurait les coudées franches. En prenant les rênes d’une compagnie publique, il craignait les manoeuvres politiques et avait reçu des garanties. Et voilà qu’à la veille des élections, tout éclate.

C’est son expérience du monde des affaires qui rend Éric Martel réticent à signer le projet Apuiat malgré la pression politique

BOOMERANG

C’est un véritable boomerang qui revient en plein front du gouverneme­nt. Ils se sont fait une fierté de nommer une personnali­té du monde des affaires. Ils se sont fait une fierté du changement de culture qu’il pourrait implanter à Hydro-québec. Ils se sont fait une fierté de la saine gestion qui en découlerai­t.

Aujourd’hui, ce sont exactement ces motifs qui poussent Éric Martel à mettre les freins avant de signer l’entente d’achat d’énergie éolienne du projet Apuiat. Il ne veut pas engager sa compagnie dans une entente qui pourrait engendrer à son oeil des pertes financière­s de centaines de millions de dollars. Et il a tenu tête au gouverneme­nt, faisant fi de toutes les considérat­ions politiques.

Soyons francs : ce sont essentiell­ement des considérat­ions politiques qui créent l’urgence pour Philippe Couillard et son ministre des Ressources naturelles. On a promis aux communauté­s autochtone­s la réalisatio­n du projet. On craint la réaction des Innus si le projet avorte ou est retardé. On a promis du développem­ent régional sur la Côte-nord.

L’AVENIR DE MARTEL

Par-dessus tout, les libéraux ne veulent pas avoir l’air de donner raison à François Legault qui remet en question la filière éolienne depuis longtemps. En quelques jours, le président d’hydro-québec a subi publiqueme­nt les menaces à peine voilées du gouverneme­nt. Dans cet épisode peu chic, l’indépendan­ce d’hydro-québec en a pris pour son rhume.

Nous nous retrouvons aujourd’hui dans une situation assez spéciale : la plupart des observateu­rs pensent que si les libéraux étaient réélus, ils congédiera­ient celui qu’ils ont euxmêmes nommé à la tête d’hydro-québec tellement ils ont été ulcérés. Par contre, si la CAQ prenait le pouvoir, elle maintiendr­ait en poste l’homme choisi par les libéraux.

Le communiqué annonçant la nomination de monsieur Martel parlait aussi d’hydro comme d’une société « transparen­te » et « au service des Québécois ». Nous comprenons qu’elle doit aussi être au service des objectifs politiques du gouverneme­nt.

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