Le Journal de Quebec

Asphalte PQ !

- Chef du Bureau parlementa­ire à Québec RÉMI NADEAU remi.nadeau @quebecorme­dia.com @RNADEAUJDE­Q

En campagne électorale, on assistera au traditionn­el ballet de promesses de constructi­on de route. Un 3e lien, un prolongeme­nt, un pont... Mais qu’en est-il de l’entretien de nos routes actuelles, perforées comme des gruyères, creusées d’ornières comme des dalots d’allées de quilles ?

Les Québécois qui ont emprunté tant nos autoroutes que les rues dévastées de la métropole cet été le savent. Ça fait dur!

Il y a deux semaines, au retour d’un séjour à Plant City, je souriais au soleil de plomb de cet été torride, pensant défiler l’autoroute 20 dans la gaieté, lorsqu’un choc soudain me fit presque perdre mes lunettes de soleil. Bang !

Mon véhicule venait de bondir sur une ligne de renflement traversant la chaussée, à la hauteur de Beloeil. Pas de panneaux pour avertir les usagers de ce travers de route.

Puis, moins de 300 mètres plus loin, bang ! Encore une autre ligne de renflement. Puis encore… Bang ! Le manège s’est poursuivi sur quelques kilomètres, sans que je puisse l’éviter, ni dans la voie de gauche ni dans la droite.

Il y a eu ensuite une accalmie, pendant laquelle je me remémorais la fois où j’ai défoncé un amortisseu­r en roulant dans un trou sur la route de l’aéroport à Québec.

Puis, près de Saint-hyacinthe, bang ! Encore plus violent cette fois-ci. J’aurais probableme­nt perdu un enjoliveur, mais, Dieu merci, mon véhicule est muni de jantes !

Un peu plus loin, un vacancier était arrêté sur l’accotement, une roue en moins sur sa roulotte ! Ça ne s’invente pas…

Mais comment peut-on faire de l’asphalte qui ondule ? C’est pour imiter le velours côtelé ? Au ministère des Transports, on m’a expliqué qu’il y a du béton sous l’asphalte dans ce secteur, et que les joints se dilatent sous l’effet de la chaleur.

Il y a autant de travaux sur les routes que de Tim Horton en bordure de celles-ci. Pourtant, même lorsque des tronçons sont refaits, leur état se dégrade à vue d’oeil.

QUALITÉ DOUTEUSE

Récemment, je suis passé près d’un chantier en milieu urbain, et l’asphalte étendu resplendis­sait de médiocrité. Même dans les yeux d’un néophyte, le mélange de bitume paraissait suspect. Comme un repas dans un CHSLD.

Si les travaux sont mal faits dès le départ, ça laisse peu de chances…

Personne n’est imputable pour les bris sur les véhicules, nos suspension­s meurtries. Malgré 780 millions $ investis en réparation­s en 2016-2017, une route sur deux est en décrépitud­e. L’an dernier seulement, 1800 kilomètres se sont ajoutés à ceux jugés en mauvais et en très mauvais état.

CYCLE INFERNAL

Depuis des années, les routes en bon état ne sont pas entretenue­s, donc, elles se détérioren­t. Lorsqu’elles ne sont pratiqueme­nt plus carrossabl­es, c’est là que le pavé est rapiécé. Cette gestion du minimum est devenue un engrenage infernal.

Et, en plus, le MTQ investira moins dans les chaussées dans les deux prochains exercices financiers, soit 600 millions $ annuelleme­nt.

Les politicien­s aiment promettre de nouvelles routes, les yeux emplis de rêves.

Je ne suis pas nécessaire­ment contre un projet d’envergure comme celui du 3e lien, et bien sûr, il y a des choses à faire pour combattre la congestion routière.

Toutefois, même si c’est moins sexy, ce serait responsabl­e d’engager le Québec dans une remise en état du réseau.

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