CAE se fait plus américaine pour vendre du « top secret » à Trump
L’entreprise montréalaise se lance dans les opérations spéciales et l’antimissile
Le fournisseur de simulateurs de vol et de services de formation CAE vient de créer une filiale américaine entièrement séparée qui lui permettra d’entrer dans des programmes militaires « top secret » au pays de Donald Trump.
La nouvelle filiale, CAE USA Mission Solutions, vient d’absorber pour 38 M$ Alpha-omega Change Engineering (AOCE), une firme de 600 employés qui appartenait à d’anciens combattants.
CAE a ainsi repris les contrats militaires « top secret » D’AOCE aux États-unis, qui touchent notamment aux opérations spéciales des forces aériennes, à la défense antimissile et à l’entraînement sur des avions de chasse comme le F-22 Raptor.
« C’est une chose d’avoir l’autorisation “top secret”, c’en est une autre d’avoir des contrats, a expliqué hier le PDG de CAE, Marc Parent. Acquérir une entreprise qui a des contrats là-dedans, c’est un tremplin. »
ANCIENS GÉNÉRAUX
Compte tenu de la sensibilité de ces activités, le conseil d’administration de CAE USA Mission Solutions est composé de trois Américains, dont deux anciens généraux. Les secrets militaires ne peuvent pas quitter les États-unis, mais cela n’empêche pas CAE de rapatrier les profits de sa filiale au Canada.
CAE estime que son entrée dans le secteur « top secret » fera passer de 14 à 17 G$ la taille du marché militaire qui lui est accessible. L’entreprise était déjà présente dans le segment « secret ».
En dépit des exigences strictes de ce nouveau créneau, CAE continuera de fabriquer tous ses simulateurs à Montréal.
« On va envoyer les simulateurs à notre centre de Tampa, en Floride, et y intégrer les éléments “top secret”, mais le gros de la production sera toujours fait à Mon- tréal », a indiqué M. Parent.
CAE accueille évidemment avec joie l’adoption récente par l’administration Trump d’un budget militaire record.
CONCURRENCE FÉROCE
Le marché militaire américain est toutefois férocement compétitif : l’automne dernier, un rival a ravi à CAE un contrat d’entraînement de pilotes d’hélicoptère de 548 M$.
« L’année d’avant, c’était l’inverse : un concurrent avait remporté un contrat aux États-unis. On a contesté et c’est nous qui avons finalement gagné. Des fois tu gagnes, des fois tu perds », a souligné M. Parent.
À son premier trimestre, CAE a enregistré des revenus de 722 M$, en hausse de 10 %, et des profits nets de 69,4 M$, en hausse de 16 %. La baisse des marges a toutefois déplu, de sorte que l’action de l’entreprise a perdu 3 % hier pour clôturer à 26 $, à la Bourse de Toronto.