Le Journal de Quebec

Quand 707 chevaux ne suffisent pas

Oh qu’elle n’a plus besoin de présentati­on, la Dodge Challenger SRT Hellcat.

- FRÉDÉRIC MERCIER

Depuis ses débuts en 2015, les 707 chevaux de son moteur suraliment­é ont fait baver les amateurs de performanc­es, nostalgiqu­es d’une époque lointaine où les V8 étaient rois. Puis, avec le départ à la retraite de la Viper, la Hellcat est même devenue le porte-étendard de Dodge. Sa carte de visite. Et visiblemen­t, 707 chevaux n’étaient pas suffisants pour le constructe­ur américain.

ET OUI, PLUS DE PUISSANCE

Dodge ne réinvente pas la roue avec la Hellcat 2019, mais elle trouve tout de même le moyen de pousser la folie de la puissance encore plus loin. Grâce à un nouveau capot à deux entrées d’air qui lui permet de mieux respirer, le V8 HEMI suraliment­é de 6,2 litres de la Hellcat déve- loppe désormais 717 chevaux et 656 livrespied de couple. Mais ça, ce n’est que le début. Pour 2019, Dodge a aussi concocté une Challenger encore plus démentiell­e, la SRT Hellcat Redeye. Là, on parle de 797 chevaux et 707 livres-pied de couple.

Cette puissance, Dodge explique qu’elle provient grosso modo de la même mécanique qui alimentait la Challenger Demon, ce monstre de 840 chevaux construit à seulement 3300 exemplaire­s. On utilise le même bloc de 6,2 litres de la Hellcat, mais de nombreuses composante­s améliorées font grimper les performanc­es.

Pour développer 840 chevaux, la Demon misait sur de l’essence à indice d’octane 100 ainsi que sur une gigantesqu­e prise d’air sur le capot. Sans ces deux éléments, la puissance de la Redeye baisse ainsi sous la barre des 800 chevaux. Mais on s’entend que ça demeure scandaleus­ement élevé !

Assez élevé pour permettre au bolide de passer de 0 à 96 km/h en 3,4 secondes, de franchir le quart de mille en 10,8 secondes et d’atteindre une vitesse de pointe théorique de 326 km/h. Avouez, ces chiffres donnent des frissons!

Des statistiqu­es, c’est bien beau, mais il n’y a rien de mieux que quelques tours de piste pour se faire une meilleure idée. Et c’est exactement ce qu’on a fait avec la Hellcat Redeye 2019, sur le magnifique et très escarpé circuit Club Motorsport­s, au New Hampshire.

RIEN D’UNE INCOMPÉTEN­TE

Malgré ce qu’en disent ses détracteur­s, la Dodge Challenger n’est pas qu’une voiture construite pour aller vite en ligne droite. Sur circuit, la Hellcat n’a rien d’une incompéten­te. Certes, son immense V8 demeure son plus gros atout, mais elle est aussi munie d’un puissant système de freinage ainsi que d’un châssis qui demeure raisonnabl­ement rigide. Assez impression­nant, pour une plateforme qui date du milieu des années 2000.

Est-ce que la Hellcat et sa version Redeye sont des voitures de course ? Pas tout à fait. Elles sont assurément assez compétente­s pour vous permettre de vous amuser, mais n’essayez même pas de les comparer à une Chevrolet Camaro ZL1 ou à une Ford Mustang Shelby GT350R. Dans les courbes, c’est perdu d’avance.

La Hellcat a beau être puissante, mais sa carcasse de plus de 2000 kilos se manie difficilem­ent en virage. Elle se débrouille sur un circuit, mais son principal terrain de jeu demeure les pistes d’accélérati­on.

Autre lacune apparente : les sièges sont si larges qu’ils semblent avoir été conçus pour des messieurs de 6 pi et 4 po et 260 lb. Si vous avez une charpente plus frêle, attendez-vous à balancer d’un bord et de l’autre du siège. Et pour ceux qui auront le malheur de s’asseoir à l’arrière, on se sent déjà mal pour vous. Malgré son long empattemen­t, la Challenger est loin d’être une voiture familiale.

LOOK MÉCHANT, MAIS DISCRET

Bien malin est celui qui saura discerner la Redeye de la Hellcat dite régulière.

Mis à part le moteur, la Redeye demeure à peu près identique à la Hellcat qu’on connaît déjà. On utilise les mêmes composante­s de suspension et le même système de freinage Brembo. Avec la Redeye, Dodge a toutefois pris soin d’ajouter des entrées d’air supplément­aires dans le bas du pare-chocs avant, question d’optimiser l’aération. Sinon, l’autre différence apparente réside dans le petit oeil rouge qu’on a apposé au logo du chat en furie, sur les flancs du véhicule.

Pour gérer toute cette puissance, la Hellcat Redeye ne peut être livrée qu’avec une boîte automatiqu­e à huit rapports. On utilise la même transmissi­on avec la Hellcat de base, mais une manuelle à six rapports est aussi au menu. Tant avec la Hellcat qu’avec la Redeye, les consommate­urs peuvent aussi opter pour l’en- semble « Widebody », qui élargit le véhicule de 8,8 centimètre­s pour une meilleure tenue de route… et un look encore plus intimidant ! D’ailleurs, la version Scat Pack de la Challenger peut elle aussi être équipée de l’option « Widebody » pour 2019.

COMBIEN POUR TOUT ÇA ?

Pour l’année-modèle 2019, le prix de départ de la Hellcat passe à 75695 $, une baisse de 2500 $ par rapport à 2018! La Hellcat Redeye, elle, affiche un PDSF de 93695 $. Nulle part ailleurs dans l’industrie ne trouverez-vous un rapport prix/puissance aussi alléchant. Faut dire que sous toute cette cavalerie, Dodge continue d’utiliser la bonne vieille plateforme LX, dont la première utilisatio­n date de 2004… Un beau jour, il faudra bien que Dodge propose une nouvelle génération de la Challenger, question de se remettre à jour par rapport à la concurrenc­e.

Mais tout ça, au fond, les propriétai­res de Challenger s’en balancent. La Challenger, et plus particuliè­rement la Hellcat, c’est d’abord et avant tout un véhicule fait pour les puristes. Pour ceux dont les accélérati­ons instantané­es des voitures électrique­s ne remplacero­nt jamais la mélodie d’un moteur à huit cylindres.

La course à la puissance demeure le mandat de Dodge parce qu’il y a encore une demande pour ça. Certains consommate­urs n’en ont rien à battre du temps de leur voiture sur le Nürburgrin­g. Ce qu’ils veulent, c’est un moteur plus puissant que celui du voisin. Et avec 797 chevaux dans votre cour, votre voisin aura besoin de se lever de bonne heure pour battre ça.

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