Un retour éblouissant
20 ans après sa création, la nouvelle mouture de Notre Dame de Paris enchante le public du Grand théâtre
Après vingt ans d’existence, Notre Dame de Paris est une oeuvre toujours aussi puissante. La nouvelle mouture de la comédie musicale, qui revit au Grand Théâtre à l’occasion de son 20e anniversaire, est magistrale, nous prouvant que le spectacle valait absolument la peine d’être recréé.
Il régnait une fébrilité particulière hier, au Grand Théâtre, alors que le chef d’oeuvre de Luc Plamondon et Richard Cocciante, d’après celui de Victor Hugo, était présenté devant le public québécois deux décennies après sa création. Et ce dernier a manifesté son enthousiasme de retrouver cette poignante histoire d’amour dont il connaît déjà la fin.
La comédie musicale, sans aucun dialogue parlé, a changé à peu de détails près. Comme on nous l’avait promis, la recette originale éprouvée a gardé son essence. On retrouve le même alignement de chansons,
et le fameux mur aux immenses briques qui s’emboîtent sert encore de décor et de terrain de jeu aux danseurs, qui font plusieurs chorégraphies en hauteur. Les costumes colorés ont grandement été inspirés des originaux.
Le spectacle s’est ouvert hier tambour battant avec Le temps des
cathédrales et la voix puissante de Richard Charest, alias Gringoire, qui faisait Phoebus il y a vingt ans. Il n’y a pas seulement que la magie qui a opéré, mais la nostalgie aussi. Le reste allait être une succession de tableaux impressionnants.
Même si on ne peut s’empêcher de se remémorer les interprètes originaux, Notre Dame de Paris a fait des choix judicieux de chanteurs, qui rendent l’oeuvre vibrante et poétique. Vocalement, la troupe est irréprochable.
DANIEL LAVOIE ÉPATANT
Dire que Daniel Lavoie habite son Frollo est un euphémisme. Seul interprète de la troupe originale de 1998, le personnage lui colle à la peau plus que jamais. La vulnérabilité qui émanait de son interprétation d’être prêtre et aimer une femme lui a valu des applaudissements nourris. Avec Phoebus et Quasimodo à ses côtés, Belle nous a arraché quelques frissons. Il faut noter la fougue du Français Jay, dans le rôle de Clopin, et celle de Martin Giroux, très juste dans celui de Phoebus. L’italien Angelo Del Vecchio peut être aussi intense qu’à fleur de peau avec son impressionnant Quasimodo, un rôle exigeant. Il a été profondément émouvant à chacune de ses présences sur scène, avec une voix d’une profondeur rarement entendue.
La Libanaise Hija Tawaji est une Esmeralda gracieuse et lumineuse. Valérie Carpentier insuffle juste ce qu’il faut de douceur et de fragilité à Fleur-de-lys, qui est peu présente dans l’histoire.
FOUGUEUX BOHÉMIENS
Notre Dame de Paris peut aussi compter sur une troupe de danseurs hétéroclites aguerris, qui incarnent de fougueux bohémiens qui s’éclatent complètement. Les chorégraphies restent une des plus grandes forces du spectacle.
On pourrait souligner que l’oeuvre a été resserrée et tient un bon rythme jusqu’à la fin, et c’est tant mieux, parce que les tableaux sont nombreux. La longue ovation de la fin confirmait que le retour a sa raison d’être.
Notre Dame de Paris est présentée au Grand Théâtre jusqu’au 26 août.