Êtes-vous à voile ou à vapeur ?
C’est fou quand même. Tout l’été, on a eu droit à des controverses où des gens étaient offensés que des comédiens jouent la comédie en faisant semblant d’être des gens qu’ils ne sont pas. Duh. C’est ça être comédien !
C’est comme si on reprochait à des plombiers de débloquer des tuyaux ou à des politiciens de promettre des $$$$$$$ à la veille des élections.
La dernière controverse en lice me fait mourir de rire. On reproche à un comédien hétéro de jouer un personnage gai. Oui, Mesdames et Messieurs, il faut maintenant montrer sa carte officielle de membre de la communauté LGBTQ2+ pour avoir le droit de jouer un homme qui aime les hommes ou une femme qui aime les femmes.
LE GAI SAVOIR
On a appris que Disney allait avoir son premier personnage « ouvertement gai » dans Jungle Cruise, qui doit sortir sur les écrans en octobre 2019. Puis on a appris que ce serait Jack Whitehall qui jouerait le rôle. Sauf que Whitehall aime les femmes, quel péché ! Scandale sur les réseaux sociaux, Disney se fait reprocher de ne pas avoir donné le rôle à un acteur LGBTQ.
Exiger qu’un comédien obtienne un rôle à cause de son orientation sexuelle, c’est aussi stupide que de refuser qu’un comédien obtienne un rôle à cause de son orientation sexuelle.
Est-ce que ceux qui s’offensent qu’« un hétéro joue un gai » se rendent comptent qu’ils sont aussi obtus et rétrogrades que les homophobes qui s’offusquaient qu’« un gai joue un hétéro » ?
Est-ce qu’ils se rendent compte qu’ils demandent une discrimination basée sur les partenaires sexuels d’un individu ? Dans l’histoire du cinéma, il y a une longue liste d’hétéros qui ont merveilleusement joué des individus dont l’orientation sexuelle n’était pas la leur. Robin Williams dans La cage aux folles. Tom Hanks dans Philadelphia. Sean Penn dans Milk. Jake Gyllenhaal et Heath Ledger dans Brokeback Mountain. Charlize Theron dans Monster. Naomi Watts dans Mulholland Drive.
Et si vous aimez la série Modern Family, vous ne savez peut-être pas que le comédien qui joue le personnage « très » gai de Cameron est en fait « ouvertement hétéro ». Cynthia Nixon (qui est lesbienne) jouait la très hétérosexuelle Miranda dans Sex and the City. Et la liste des rôles hétéros de Jodie Foster remplirait toute cette édition du Journal.
Au Québec, Cheval-serpent met en vedette deux femmes lesbiennes, Sophie Prégent et Élise Guilbault, des comédiennes hétéros.
Aurait-il fallu que ces premiers rôles soient réservés à des « vraies » lesbiennes ? Et on a aussi l’inverse : Debbie LynchWhite, qui s’est mariée avec sa conjointe l’année dernière, joue magnifiquement La Bolduc au grand écran. Yves Jacques a joué un gai dans Le Déclin de l’empire américain, mais aussi plein d’hétéros et de personnages dont on ignorait s’ils étaient à voile ou à vapeur.
ON S’EN TAPE !
Dans ce débat, ceux qui prétendent défendre les droits des homosexuels font plutôt l’inverse : ils réduisent des comédiens à leur orientation sexuelle au lieu de considérer que seul le talent doit primer.
Honnêtement, quand vous voyez une sacrée bonne performance d’acteur, vous demandez-vous vraiment avec qui le comédien ou la comédienne a couché la nuit dernière ?